Les Data en forme

Le 24 juillet 2012

L'amour, la pauvreté, la loi, le HTML5, le café et les médias : toute la vie se retrouve dans les Data en forme, chronique de veille hebdomadaire des journalistes de données d'Owni. Souriez, c'est l'été.

Vous n’envisagez pas de commencer votre journée de travail – ou de vacances – sans une tasse de café ? Ce best-of de Visual.ly est pour vous : 20 infographies filtrant le café sous toutes ses formes. Non seulement cet ensemble rend compte de la diversité des angles pouvant être mis en scène sur un même sujet, mais il offre également la possibilité de comparer l’esthétique et la lisibilité des infographies et donc de repérer les bonnes pratiques.

La toute première “The Caffeine poster” est ainsi peu réussie : travail design plus que léger, avec pour toute mise en scène de l’information le placement de produits au moyen de flèches, sur un axe à la couleur décroissante pour indiquer la concentration en caféine.

La quatrième “The Health Benefits of Coffee vs Tea” témoigne d’un travail plus riche, tant au niveau design que données. On y apprend par exemple que la vente annuelle de thé rapporte deux fois que celle du café, et les avantages/inconvénients de chaque breuvage : le thé contient du fluor qui protège les dents mais également du tanin, qui réduit les capacités d’absorption de fer de notre organisme, favorisant ainsi l’anémie. A l’inverse, le café aide à prévenir le diabète de type 2 mais réduit l’afflux du sang au cœur. Il en reste 18 à découvrir…

Paye ta TV

Après cette tasse de café, passons à des sujets plus sérieux. Par exemple, le financement des chaînes publiques par la redevance. Encore une belle illustration d’un travail sur l’open data à l’anglo-saxonne, qui nous est apporté par le Guardian. Dans son rapport annuel, la BBC détaille le budget et le financement de ses différentes chaînes et filiales. Le Guardian a isolé les financements issus de la redevance audiovisuelle pour représenter dans un tree map la répartition entre les chaînes du groupe, et l’évolution par rapport à l’année précédente. Le résultat est très lisible – BBC One et BBC Two restent les deux grandes gagnantes, mais avec l’évolution notable de CBBC (chaîne pour enfants).

L’infographie livre également les données globales de la taxe audiovisuelle : plus de 3 millions de livres ont été versés à la BBC, obtenus grâce à 25,7 millions de foyers payant une redevance de 145,50 de livres.

Le turn over des journalistes

Pendant que l’on parle des médias… Chaque été nous le prouve : le mercato n’est pas un phénomène réservé aux footballeurs, les journalistes aussi sont concernés ; bien que ces tractations intéressent probablement surtout le petit cercle de la profession plutôt que le grand public.

Télérama a cependant recensé ces mouvements entre médias en une infographie interactive. La catégorisation des journalistes (les “people”, les “loosers”, les “winners”) est un peu étonnante et les informations peu claires : il faut cliquer sur la silhouette et bien étudier le cheminement dessiné par les cases entre média entrant et média sortant pour comprendre le sens du mouvement. Mais l’idée et le contenu sont intéressants, d’autant que les mises à jour sont régulières.

Le chrome du web

Ce projet est un peu à la marge des sujets habituellement évoqués dans cette chronique. Son impact sur le data journalisme se traduira de manière indirecte : le “chrome web lab” est une vitrine de ce que le html permet de faire de plus impressionnant. Et un projet évidemment à la gloire de Chrome, le navigateur de Google.

Cinq expériences vous sont proposées :

• “Universal Orchestra” : avec un panel d’instruments (numériques) à votre disposition, vous pouvez jouer en ligne, seul, ou avec d’autres personnes sur un des réseaux disponibles et partenaires comme le Musée de Londres ;
• “Teleporter” vous promene dans trois différents lieux du monde grâce à des screenshots réalisés par des personnes impliquées dans le réseau ;
• “Sketchbots” dessine votre portrait « robot » à partir d’une de vos photos ;
• “Data tracer” retrouve la trace de n’importe quelle image publiée sur le web et vous renseigne sur l’endroit où elle est hébergée ;

• “Lab tag Explorer” recense la trace de chaque utilisateur du Web Lab au moyen de formes géométriques. En cliquant sur l’une d’elles, vous accédez au “profil” de cet utilisateur, pour voir ce qu’il a créé sur le Web Lab : sur chaque expérience, vous pouvez en effet sauvegarder et partager chacune de vos créations.

Chaque projet dispose d’un onglet “how it works” expliquant les technologies utilisées. Les expériences sont amusantes mais le vrai intérêt de ce site réside dans la beauté visuelle et la souplesse de la navigation, qui nous transporte dans un nouvel univers du web et renouvelle les perspectives en termes de dataviz et applications web.

Le Facebook de la dataviz

Autre site intéressant, déjà bien connu pour qui suit un peu le monde de la data. Le site de référence Visual.ly s’est refondu pour devenir (ou du moins l’ambitionne-t-il) “le réseau social de la dataviz”, centré autour de trois axes principaux :

• “explorer” pour naviguer dans les projets en fonction des sujets choisis ou des personnes (designers, utilisateurs) ;
• “créer” pour personnaliser des templates d’infographie déjà présents sur le site : “la vie d’un hashtag” ou la comparaison de deux comptes Twitter ;
• “partager” pour faire connaître son travail.

Le tout semble prometteur, à la croisée de Pinterest et ManyEyes. A suivre…

100 pauvretés

Dans son dossier spécial intitulé « La pauvreté : en finir avec la politique de l’autruche », la Gazette des communes met en scène un nouvel indicateur : le taux de pauvreté local des 100 plus grandes villes de France, établi par le bureau d’études Compas.

Ce taux correspond au pourcentage de ménages qui, dans une ville donnée, perçoivent moins de 60 % du revenu médian national après prestations et avant impôts (soit 954 euros). Sans surprise, en bas du classement, avec un taux aux alentours de 7 % se retrouvent à Versailles, Neuilly-sur-Seine, Rueil-Malmaison alors que Roubaix, Saint-Pierre, Tampon ou Saint-Paul (entre 39 et 46 % de taux de pauvreté) sont en tête. Réalisée avec Tableau public, l’infographie est parfois un peu lente à charger mais permet de visualiser d’un seul coup d’oeil les taux des 100 villes, et de comparer taux de pauvreté et revenu médian des ménages pauvres.

Un amour froid

La semaine dernière, nous vous parlions en introduction des Data en forme d’un tumblr symbolisant graphiquement des chansons. Ce projet y ressemble un peu, quoiqu’il semble revêtir une forme beaucoup plus sérieuse. “What Love Looks Like” représente par des infographies les mécanismes de l’amour. Le peu d’informations présentes sur le site n’ont pas permis à Paule de déterminer s’il s’agissait d’un travail scientifique ou d’un passe-temps. Quoiqu’il en soit, vous trouverez sur ce site la traduction en images des notions suivantes : les équilibres entre attentes, actions et paroles ; les problèmes de communication et de mauvaise inteprétations des intentions ; le “fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis”, etc. Original, mais pas très romantique.

Retour d’expérience

L’Institut de journalisme de Bordeaux-Aquitaine a lancé l’année scolaire dernière un laboratoire de data journalisme : une des initiatives les plus développées, puisqu’un module pédagogique entier y a été consacré, en association avec l’école de communication visuelle de Bordeaux (designers) et l’Epitech Aquitaine (développeurs). Des réalisations intéressantes ont été produites comme une enquête sur les équipements de la Gironde, un retour sur l’utilisation des caméras de surveillance à Bordeaux ou encore un comparateur des inégalités sociales entre France et Gironde

Au terme d’un an de pratique, l’IJAB décrit son expérience et fait son bilan. Avec honnêteté et recul critique : investissement ou non des étudiants, coût humain et financier… Les problématiques du data journalisme sont relevées avec pertinence :

L’interactivité, la liberté donnée à l’internaute de naviguer à son gré, d’interroger le sujet à partir de ses propres questionnements, confère à ces produits journalistiques un intérêt et un attrait évidents.
Mais la rançon des formidables capacités du data journalisme est l’exigence décuplée de rigueur qu’il impose à ses auteurs. Et en cela nos productions ne sont pas exemptes de faiblesses. La majorité de nos visuels sont accompagnées de textes explicatifs qui visent souvent à relativiser le propos ou à en expliquer la complexité. Mais combien d’internautes en prendront-ils vraiment connaissance ? Combien se contenteront plutôt d’un visuel qui frappe l’esprit ?

La conclusion est ainsi explicite :

Si nous restons convaincues que ce laboratoire a toute sa place dans une formation telle que celle dispensée à l’IJBA et que ses enseignements sont riches, nous cherchons encore le modèle économique qui nous permettra de poursuivre l’aventure. Et nous partageons en cela les difficultés de la presse française à se lancer dans le data journalisme.

La loi et l’ordre

Les 6 et 7 juillet dernier l’association Regards Citoyens, en collaboration avec Sciences Po et La Cantine organisait une conférence internationale sur la réutilisation des données parlementaires et législatives.

Pour ceux qui l’auraient ratée, le compte-rendu (y compris les vidéos des débats) est désormais disponible sur le site de Regards Citoyens. Jetez un œil aux premières bases du projet « Law Is Code » qui vise à représenter l’évolution d’un projet ou d’une proposition de loi à l’aide des outils couramment employés en développement informatique. Encore en construction, mais déjà prometteur.

Bonne data-semaine à tous !


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