La prime de la primaire

Le 16 octobre 2011

Une prime chiffrée à 1,2 million d'euros pour le candidat socialiste. Au moins. François Hollande gagne la primaire du PS et un excédent de trésorerie pour financer sa présidentielle. OWNI fait les comptes d'une primaire, très bénéficiaire.

L’affluence aux urnes pour le second tour de cette primaire permettra au Parti socialiste et à François Hollande de se lancer dans la campagne présidentielle avec une belle avance financière. Avec un pactole d’au moins 1,2 million d’euros. Selon les trésoriers du parti avec lesquels nous nous sommes entretenus, les frais engendrés par cette élection, d’un montant de 3,6 millions d’euros, ont été largement couverts dès le premier tour grâce au système de participation de « un euro ou plus » par votant.

L’argent collecté, premier et second tour confondus – selon des données provisoires recueillies ce dimanche 16 octobre à 23h – a permis de porter la somme globale des dons à 4,8 millions d’euros. Soit un bénéfice net d’1,2 million qui apportera une confortable réserve de trésorerie pour couvrir les premiers frais du marathon présidentiel.

Les factures sécurité et publicité

Pourtant l’affaire n’était pas gagnée. Le budget global de 1,5 millions d’euros pour cette primaire a doublé avant l’été pour atteindre 3 millions d’euros. Avant de culminer à 3,6 millions d’euros, après avoir été revu à la hausse pour faire face aux difficultés à obtenir les listes électorales dans un format exploitable. Un surcoût que détaille Régis Juanico, député de la Loire et trésorier du parti, mis en place à ce poste par Martine Aubry :

La récupération des listes électorales aurait du nous coûter zéro euro. Seulement, cette hypothèse reposait sur le travail des mairies et nous avons du faire des efforts pour être sûr que nous aurions les documents à temps : pendant l’été, nous avons embauché trente salariés en CDD pour faire des relances là où nous avions des manques. Les documents nous arrivaient parfois dans des formats papiers et, là, il a fallu scanner massivement.

Le poste budgétaire le plus important de cette primaire revient ainsi à la gestion des listes électorales. En plus des 500 à 600 000 euros de récupération desdites listes, le PS a déboursé près de 700 000 euros de procédure de sécurisation. Les listes étaient en effet scellées avant l’arrivée au bureau, re-scellées après le premier tour, puis de nouveau après le second avant d’être transportées par camion à Paris pour être détruites. Une précaution incontournable pour éviter les contestations sur la confidentialité du scrutin.

Deuxième poste budgétaire : la publicité. Les encarts achetés dans la presse quotidienne régionale et nationale pour annoncer le vote ont totalisé 800 000 euros, soit plus du double du prix d’impression et d’expédition des 6 millions de tracts couleurs de quatre pages expliquant le vote (environ 300 000 euros).

Dépense, stratégique elle aussi : les 300 à 500 000 euros du stylo électronique qui permettait de récupérer les coordonnées des participants. Un coût bien mince au regard du fichier de contacts constitué au seul premier tour.

Dans l’organisation du scrutin, la fabrication des cartons électoraux, contenant le nécessaire au fonctionnement des 9500 bureaux de vote (bulletins, enveloppes, documents, signalétique, affichette) aura finalement représenté l’un des coûts les plus faibles : 300 à 400 000 euros.

Vite gagné

La cagnotte ne va cependant pas dormir longtemps dans les caisses. Une partie pourrait servir à indemniser les fédérations ayant eu à payer des frais de location de salle supérieurs à la moyenne.

Dès le départ, il était entendu que le scrutin étant en très grande majorité à la charge du national, les fédérations participaient en louant les salles, précise le trésorier du Parti socialiste. Nous envisageons néanmoins de compenser les départements qui ont payé plus que la moyenne.

Maintenant que François Hollande est désigné, les tacticiens du parti ont prévu de le proclamer dans les formes. Avec en particulier une convention d’investiture prévue le 22 octobre à la Halle Freyssinet à Paris, d’ores et déjà estimée à plus de 500 000 euros. En décembre, le Mouvement des jeunes socialistes verra ses journées de préparation à la présidentielle également financées par le Parti.

De quoi donner au Parti socialiste l’occasion de continuer d’occuper le terrain médiatiquement et politiquement avec plusieurs semaines d’avance sur la plupart des concurrents à l’élection présidentielle.


Illustrations par Loguy pour Owni /-)
Infographie par Loguy et Sylvain Lapoix

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