Djouhri contre Péan le match de la rentrée

Le 21 juin 2011

Documents à l'appui, retour sur les petits secrets d'Alexandre Djouhri, l'intermédiaire mystère de l'Élysée. Un homme au centre du prochain livre choc de l'enquêteur Pierre Péan.

Un livre en cours d’écriture préoccupe les pontes de la DCRI, les services de sécurité français. Le prochain document d’enquête de Pierre Péan racontera les relations complexes entre les éminences grises de l’UMP et l’homme d’affaires Alexandre Djouhri. À paraître chez Fayard à l’automne prochain, l’ouvrage promet de tout dire des services rendus par ce négociant de haut vol au passé sulfureux. Et de son entregent au sein des cercles élyséens.

En 2007, peu après la présidentielle, Alexandre Djouhri nous avait confié sa sympathie pour Nicolas Sarkozy, qu’il affirmait avoir rencontré. Cette période correspond au transfert d’une partie de ses activités à Londres, avec la création d’une société dénommée Adenergy. Mais selon les procès-verbaux de cette entreprise, que nous avons obtenus, les activités d’Adenergy seraient en sommeil depuis 2010.

Selon le site IntelligenceOnline (sur abonnement), la société aurait été utilisée pour préparer des accords industriels avec la Russie. Sur le papier, la trajectoire d’Alexandre Djouhri a de quoi éveiller la curiosité. Entre les années troubles et la période faste au contact du gotha de la finance, sa route a croisé celle de quelques policiers de renom, de la crim’ ou des services de renseignement. Tels l’ex commissaire Charles Pellegrini ou l’ancien agent des RG François Casanova. Selon une enquête fouillée parue dans Libération, sa première apparition dans un fichier de police remonterait à 1981, pour une attaque à main armée (il avait alors 22 ans).

Plus tard, un rapport de la Brigade criminelle du 21 août 1989, dont nous avons obtenu une copie, le cite abondamment dans une affaire de règlement de compte, où il est présenté comme la cible d’un tueur à gage. Dans ce document, les flics de la crim’ écrivent que le comédien Alain Delon aurait passé un contrat pour faire éliminer Djouhri – une hypothèse jamais étayée. A contrario, à la même époque, une visite chez un proche d’Alexandre Djouhri aurait permis aux policiers de découvrir des plans très détaillés d’une propriété du comédien. L’affaire en serait restée là, en tout cas dans les archives de la justice.

Depuis 1989, la police aurait pu l’oublier. Pourtant, entre l’adulescence agitée d’Alexandre Djouhri et sa réussite dans les affaires, ce sont bien des fonctionnaires de la Direction générale de la police nationale (DGPN) qui tracent comme un fil conducteur.

Bernard Squarcini, actuel directeur de la DCRI et serviteur fidèle de Nicolas Sarkozy, a rédigé en décembre 2005 une sorte de lettre de moralité au profit d’Alexandre Djouhri. Un geste gratuit ou une contrepartie ? Et contre quels services ? Rendus à qui ? À la République ou l’UMP ? De nos jours, à 52 ans, Alexandre Djouhri vit dans le très chic quartier de la rue de l’Athénée à Genève et gère un carnet d’adresse prestigieux. Tandis qu’à Levallois, au quartier général de la DCRI, Bernard Squarcini, s’intéresse au livre de Pierre Péan. Avec une pointe d’anxiété. Rien de plus. L’approche d’un changement de pouvoir, ça vous rend le subalterne fébrile.

Laisser un commentaire

Derniers articles publiés