Recycler ou réutiliser les e-déchets ?

L'innovation rapide dans la fabrication des produits électriques et électroniques, et donc leur remplacement, entrainent la production d'énormes quantités d'e-déchets. La question de la réutilisation des produits et des composants doit être posée aux constructeurs et aux consommateurs.

Ce billet a été originellement publié sur Global Voices, écrit par Elena Ignatova et traduit par Fabienne Der Hagopian.

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De nos jours, nombre de foyers et d’entreprises produisent constamment d’énormes quantités d’e-déchets (composants électroniques)  qui constituent des risques environnementaux et sanitaires puisque ces déchets contiennent des matériaux toxiques. Selon StEP (Solving the e-Waste Problem [Résoudre le problème des e-déchets]) :

E-déchets est un terme utilisé pour décrire presque tous les types d’équipements électriques ou électroniques qui font partie ou pourraient faire partie du cycle des déchets.  Bien que e-déchet soit un terme générique, on l’entend comme comprenant télévisions, ordinateurs, téléphones portables, produits blancs (réfrigérateurs, machines à laver, séchoirs), systèmes vidéo et stéréo, jouets, machines à griller, bouilloires – quasiment tous les articles contenants des circuits ou des composants électriques utilisant de l’électricité ou des piles.

Des indiens récupèrent certaines parties de vieux condensateurs à l'aide d'une machette

L’innovation rapide dans la fabrication des produits, et donc leur remplacement, spécialement dans le champ des technologies de l’information et de la communication (TIC) et des équipements de bureau, combinée avec la baisse des prix de nombreux objets électriques, ne fait qu’accentuer le problème des e-déchets. La gestion des e-déchets peut être divisée entre réutilisation et recyclage des vieux équipements. Tony Roberts souligne l’énormité du problème sur son blog, Laptop Burns. Il écrit:

[…] Nous sommes en train de créer une bombe à retardement de plus de 20 milliards d’e-déchets qui demande notre attention immédiate.  L’ONU estime qu’en 2009 il y avait 4,6 milliards de téléphones portables utilisés dans le monde.  Selon les indicateurs de développement mondiaux de la Banque Mondiale, 2,6 milliards de radios étaient utilisés en 2005  et 2 milliards de télés.  Les recherches de [l'institut de recherches] Gartner montrent qu’il y a aujourd’hui plus d’un milliard d’ordinateurs utilisés dans le monde.  Ces chiffres augmentent rapidement : nous produisons et consommons plus d’un milliard de nouveaux téléphones portables chaque année.  La taille de ce problème est sans précédent. […] Heureusement, la solution au problème des e-déchets est claire.  Nous devons réduire l’empreinte carbone des mines et des usines et réduire l’utilisation de composants toxiques dans la fabrication des EEE (Équipements Électroniques et Électriques).  Nous devons parvenir à un accord international pour la réutilisation des EEE en état de fonctionnement, et recycler nos propres EEE ainsi que pénaliser les décharges sauvages et l’exportation d’e-déchets.  Et nous devons appliquer le principe pollueur – payeur [en français].

Haley Bowcock parle de la réutilisation de vieux équipements comme alternative au recyclage :

[…] Il y a un marché potentiel énorme pour la réutilisation des composants des objets de communications et des nouvelles technologies puisqu’ils sont souvent remplacés bien avant la fin de leur cycle de vie en raison de l’innovation rapide et de l’appétit des consommateurs pour les derniers modèles.  Malgré cela, les produits qui ne sont plus en demande terminent souvent dans des décharges ou entrent dans la chaine du recyclage.  Bien qu’il y ait des bénéfices pour l’environnement et la santé à recycler les produits électroniques en fin de vie selon les règles, ces bénéfices sont moins nets pour les produits des TIC qui n’ont pas atteint la fin de leur cycle de vie.  En fait, les recherches informelles montrent que réutiliser un ordinateur est jusqu’à 20 fois plus économe en énergie que de le recycler.  Donc, la réutilisation devrait être encouragée et maximisée dans les cas où il est prouvé qu’elle est la méthode la plus efficace de gestion des déchets, comme pour les produits TIC entre autres.  Heureusement, des évolutions récentes suggèrent que la réutilisation commence à être reconnue comme elle le mérite. […]

Elle donne aussi un lien vers un rapport de Computer Aid International, Why Reuse is Better Than Recycling,  [Pourquoi il vaut mieux réutiliser que recycler] , qui dresse une liste de conclusions et de recommandations :

Conclusions :

  • La productions de biens TIC consomme beaucoup d’énergie et de matériaux,  et ces biens contiennent des substances qui sont dangereuses, ou chères, ou les deux, et ils ne devraient donc pas finir dans les décharges
  • Le taux important de remplacement des produits et la concentration de l’utilisation d’énergie dans leur phase de fabrication plutôt que dans leur phase d’utilisation (80 et 20 pour cent respectivement) signifie que toute activité qui prolonge leur vie – comme la réutilisation – devrait avoir la priorité.
  • La réutilisation des ordinateurs est jusqu’à 20 fois plus économe en consommation d’énergie que leur recyclage.  La réutilisation coûte aussi moins cher que le recyclage.  Par conséquent, la hiérarchie de la gestion des déchets, qui place la réutilisation devant le recyclage, s’applique aux e-déchets comme aux autres
  • Puisque les produits TIC sont souvent remplacés avant la fin de leur cycle de vie, leur réutilisation apporte des bénéfices additionnels, comme de permettre leur utilisation par des gens qui ne pourraient pas se procurer des produits neufs
  • Les meilleures performances de la réutilisation ont été reconnue dans la législation européenne.  La directive Waste Electrical and Electronic Equipment (WEEE) [Déchets des équipements électriques et électroniques] contient des articles qui donnent la priorité à la réutilisation, même si le manque d’objectifs précis fait que le recyclage est bien souvent dominant dans la pratique.  L’Europe et le reste du monde doivent aller plus loin pour permettre à la réutilisation d’apporter tous ses avantages

Recommandations : Pour tirer avantage de la réutilisation, les acteurs impliqués dans la gestion de la fin de cycle de vie doivent faire attention aux points suivants :

  • Les producteurs doivent réduire les déchets et la pollution environnementale en incluant la réutilisation dans le cahier des charges de la création de leurs produits. Ces produits auraient ainsi de futures utilisations bien identifiées et pourraient facilement être démontés pour réparation et recyclage. Trop de produits sont créés pour devenir obsolètes. Les guides d’utilisation devraient promouvoir la réutilisation plutôt que le recyclage.
  • Les consommateurs doivent optimiser l’utilisation des produits en retardant le remplacement jusqu’à ce que le produit ait atteint la fin de son cycle productif.  Les consommateurs peuvent donner la priorité à la réutilisation en donnant leurs équipements en état de marche et en ne recyclant que les objets ayant atteint la fin de leur cycle de vie.
  • Le gouvernement doit mettre en place des objectifs et des normes pour la réutilisation et évaluer leur mise en Å“uvre.  L’éducation du public sur la hiérarchie de la gestion efficace des déchets et l’importance pour l’environnement de la réutilisation fait partie de la solution, tout comme imposer le tri des objets réutilisables dans les déchetteries.

Dans le billet intitulé Where Do I Recycle My Old Electronics?, [Où est-ce que je recycle mes vieux objets électroniques ?] sur le blog Sustainable Electronics Initiative blog [Initiatives pour la durabilité des produits électroniques], Aida Sefic Williams a publié un lien vers les Electronic Take-Back and Donation Programs [programmes de restitution et de dons] et donne aussi des conseils à ceux qui veulent donner leurs téléphones portables et ordinateurs pour effacer toutes leurs données personnelles.  Et vous, que faites-vous de vos vieux équipements ?

Article initialement publié sur Global Voices

Illustrations CC FlickR : Jason Schlachet, DanForys et Greenpeace India

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