Cyber modernité

Le 9 juin 2009

De nouvelles notions peuvent et doivent être élaborées pour le monde à venir. La cyber modernité, composée de plusieurs tendances déterminées par les technologies de l'information, doit reposer sur des valeurs à affiner et à partager.

J’avais 16 ans en 1968, élevé dans une famille conventionnelle mais ouverte au monde et aux idées, le discours libertaire me plut
tout de suite. Depuis je n’ai guère varié dans mes opinions. Libertaire et libéral je suis, et je le resterai, ouvert et grand amateur de discussions.
Mes activités se sont toujours déroulées dans le domaine artistique et culturel, je fis partie de l’aventure des radios libres, comme pionnier en Normandie.
Alors, lorsque j’ai entendu parler d’internet vers 1994, que j’ai commencé à y naviguer à partir de 1994-95, je me suis dit que c’était une sorte de mise en pratique des idées de liberté. Puis, j’ai regardé de très près de quoi il s’agissait.

Pour moi, c’est très simple internet est un espace de liberté, de collaboration, de partage et d’accès gratuit à toutes les formes d’informations.
Internet est un outil magnifique de développement (ce qui n’exclut pas des utilisations mercantiles ou idéologiques et toutes les manipulations consécutives).
Tout ce qui est du domaine de l’open source, du collaboratif et du partage gratuit est l’élément moteur d’internet, il en est aussi l’âme.
Pour ne prendre que l’exemple de Wordpress sur lequel tourne ce site, il faut bien voir que le modèle de développement de ce programme très puissant est fondé sur la gratuité et le Creative Common.
Ceci constitue une révolution. Révolution des esprits qui travaillent autrement que dans un rapport strictement “capitaliste”. Révolution des modes de production, des modèles économiques.

Il serait surprenant qu’une telle évolution se limite au seul domaine d’internet.
C’est toute l’économie qui peu à peu bascule dans des fonctionnements inconnus. Le monde découvre dans le même temps les technologies, les utilisations et les conséquences économiques, culturelles, environnementales de ces technologies.
Mais un monde ne peut être fondé sur les seules technologies, elles ne peuvent être une fin en soi.
C’est-là que les mouvements issus du libertarisme et du libéralisme historique peuvent et, à mon avis, doivent jouer un rôle important.
Les totalitarismes et les autoritarismes ne peuvent s’accomoder d’internet, c’est leur ennemi juré. Mais la rupture est faite et sauf à déclencher des conflits armés, ils sont cuits.
Toute volonté de brider par des lois ou des règlements le cyber-espace doit être prise pour ce qu’elle est : censure et flicage, à la fois dangereuse et ridicule. Il faut dire que depuis Joseph Fouché (1759 Pellerin-Nantes-1820 Trieste) la France s’est fait une spécialité de la mise en fiche des personnes, tous les puissants hexagonaux ont voulu contrôler les citoyens.

Internet est le vecteur de l’information et de l’émancipation de cette modernité numérique, mondiale et libertaire, mais il ne peut à lui seul  incarner la modernité naissante.
Je pense (avis tout à fait personnel) que le mouvement de la social-écologie qui vient de connaître un succès en France et en Europe  peut être un des piliers raisonnables de la cyber-modernité.
Reste aux tenants de la cyber-modernité et de la social-écologie à fonder intellectuellement et spirituellement un sens humain et pluraliste à cet attelage qui doit prendre une place essentielle dans le monde à naître.
Comme l’imprimerie et l’humanisme au 16e siècle, la cyber-modernité et la social-écologie ont partie liée. Par nécessité.

Les ressources des philosophes, des artistes, des penseurs sont inépuisables.
Pour ma part, voici les données qui semblent devoir être le point de départ de la réflexion collective et des rencontre interculturelles :

- Respecter les convictions, attitude non hégémonique, dans tous les domaines
- Elaborer des concepts par l’écoute et le partage des idées
- Ouvrir les espaces économique, géographique, technologique, intellectuel et spirituel
- Adhérer à la non-violence
- Etudier et mettre à jour les Textes fondamentaux des traditions et religions mondiales
- Exercer une vigilance sourcilleuse et sans concession envers tout fanatisme connu ou à naître
- Régler les conflits par l’échange, le débat et la discussion pacifique
- Considérer qu’il est possible de parler de tous les sujets, n’exclure à priori personne.

La cyber-modernité alliée à la social-écologie et dotée de références morales simples et partagées pourrait être un puissant pilier d’un monde à construire.
Il s’agit tout simplement de continuer à filer et à affirmer une ou des utopies qui prennent corps petit à petit. Les périodes de ruptures se règlent généralement dans une extrème violence.
Saurons-nous, démocratiquement et mondialement, tirer les leçons des désastres historiques pour avancer avec sagesse et conviction ?
De toutes les façons, le sur-place est impossible, les régressions seraient catastrophiques, reste donc l’aventure positive. Autant essayer alors de se prémunir des ouragans, en se servant de nos repères historiques et des expériences accumulées au cours des siècles et par les différentes formes de civilisation.

Dominique Nugues édite : Le Présent de Dieu où ces thèmes sont repris.

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