OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Petit manuel du parfait cyberdissident chinois http://owni.fr/2011/05/21/petit-manuel-du-parfait-cyberdissident-chinois-censure-vpn-firewall/ http://owni.fr/2011/05/21/petit-manuel-du-parfait-cyberdissident-chinois-censure-vpn-firewall/#comments Sat, 21 May 2011 13:14:04 +0000 Lucie Romano http://owni.fr/?p=63624 Tant qu’on n’a pas été dans un Etat ennemi d’Internet, on ne mesure pas ce que c’est. La censure exercée par le régime chinois sur la Toile est la plus intense qui soit au monde, et elle se vérifie très vite. Une fois en Chine, essayez donc de taper ‘Falun gong’ dans le moteur de recherche ‘Google’ par exemple. Vous arriverez sur une page blanche.

Sur les 477 millions de Chinois qui surfent sur Internet (soit plus d’un tiers de la population chinoise) selon les derniers chiffres communiqués par le ministère de l’Industrie et des technologies de l’information cité par l’agence Chine Nouvelle, combien contournent le ‘Great Firewall’, la Grande Muraille électronique mise en place par les autorités ? Impossible de le savoir. Ce qui est sûr c’est que les pourfendeurs de la censure n’ont d’autre choix que de mettre les mains dans le cambouis informatique.

Acte un du cyberdissident : 翻墙 (contourner le mur)

Et voilà comment ils procèdent. Mission numéro : trouver un proxy ou un VPN, deux technologies qui permettent d’utiliser anonymement Internet, en masquant l’adresse IP (le code barre) de son ordinateur. Cela empêche au fournisseur d’accès Internet de pouvoir l’identifier lorsqu’on se connecte sur la Toile. Depuis le 29 avril 2010, un amendement à la loi sur les secrets d’Etat impose aux entreprises du secteur d’internet et des télécommunications de collaborer avec les autorités et donc théoriquement de communiquer les fautifs. Certains n’ont pas attendu l’amendement. En 2005, Yahoo a été accusé d’avoir livré aux autorités chinoises des données qui ont permis d’identifier un dissident, Shi Tao. Il est aujourd’hui emprisonné pour 10 ans, condamné pour avoir publié des secrets d’État.

Tous les moteurs de recherche, pour pouvoir s’implanter en Chine ont accepté la censure imposée par le gouvernement chinois. Cas particulier, Google. Après l’attaque de comptes Gmail de militants par les autorités chinoises, a préféré se retirer du jeu en janvier de l’année dernière. Sans aller trop loin tout de même : il s’est établi à Hong Kong.

Proxy et VPN

Un serveur proxy, c’est un ordinateur qui joue le rôle d’intermédiaire entre l’utilisateur et Internet. Il est souvent basé à l’étranger et a un libre accès au net. Sa mission : récupérer le contenu demandé et le transmettre. Il contourne donc les pare-feu. Adieux le filtrage d’URL et les mots-clés tabous, le logiciel libre vous permet de protéger vos informations personnelles. Cela demande tout de même d’aller modifier les paramètres de son navigateur.

Plus simple : le système de contournement en ligne. Vous changez régulièrement et de manière automatique de proxy et donc d’adresse IP. Les limites : les proxies accessibles directement sur le web et souvent gratuits ne préservent pas l’anonymat, ils masquent seulement les informations. Les autorités les connaissent et parviennent à en compliquer l’accès.

Le deuxième moyen technologique très utile au cyberdissident, c’est le VPN, le ‘Virtual Private Network’. Une technologie qui utilise des moyens de chiffrement sophistiqués pour empêcher toute interception malveillante de la connexion internet. Hotpsot par exemple fait ça très bien.

Parmi les autres petites merveilles de technologie développées par des sociétés ou des activistes pour permettre la circulation d’informations libres, il y a aussi le projet Tor, un logiciel libre de routeurs qui rend anonymes les informations. Il a reçu le prix du projet d’intérêt social par la Free Software Foundation (FSF) pour ses coups de pouce aux net-citoyens arabes et à la révolution verte iranienne.

Autres serveurs proxies très appréciés en Chine : Freegate ou Ultrareach. Ils sont régulièrement attaqués par les autorités. A chaque fois que cela se produit, les développeurs mettent rapidement à disposition des internautes ne version actualisée du logiciel.

La censure est donc à nouveau contournée, avant que la cyberpolice chinoise ne trouve la parade.

Les coups de pouce pour devenir cyberdissident

Reporters sans frontières a publié en plusieurs langues un guide du cyberdissident, avec des explications très pratiques. Il est régulièrement mis à jour. (dernière MàJ en 2006).

Les internautes peuvent aussi compter sur des outils qui offrent un guidage en ligne, Sesawe.net notamment, là encore gratuit.

Importante source d’infos pour les Chinois : les blogs, les sites sur lesquels des cyberdissidents aguerris répandent la bonne parole et expliquent les manipulations à effectuer, comme vous pourrez en trouver ici et .

Passons à la pratique.

J’ai testé pour vous en Chine l’une de ces méthodes de contournement du Great FireWall vous allez sur le site internet Taobao.com, une caverne d’Ali Baba du Net. Là, vous achetez en ligne le logiciel Ssh. Ensuite, vous téléchargez Firefox et une application qui vous permet de vous connecter via un serveur proxy étranger, Autoproxy par exemple.

Après, il y a tout un tas de codes à rentrer. Dans mon cas c’était : ssh –D 7070 2y59112154@ssh2.xiaod.in puis qtwli. Vous pouvez être soulagé quand ‘Welcome’ apparaît dans une fenêtre violette. Cela veut dire que vous pouvez aller taper sur Firefox tout ce qui vous fait envie. Ne soyez pas trop gourmand quand même. Vous ne pourrez vous rendre que sur la liste des sites autorisés par Ssh, ça comprend par exemple Facebook, mais il n’est pas rare que ce site et d’autres soient inaccessibles.

Alors, compliqué de contourner le GFW en Chine ? Pas tant que ça, et d’ailleurs, ce système D est répandu, comme dans tous les pays où l’accès à l’information et au web est limité.

C’est bien beau de savoir techniquement contourner la censure mais il faut mesurer le danger.

Nombreux sont les Chinois qui ne contournent pas la Grande Muraille électronique. Beaucoup ignorent jusqu’à son existence. Il faut dire que le régime se donne du mal pour brider la Toile, et plus le temps passe, plus il parvient à faire en sorte que cela ne se voit pas directement.

Les cercles de surveillance de la Toile chinoise sont multiples. Entre 30 000 et 40 000 cyberpoliciers et modérateurs traquent et ‘harmonisent’ la Toile, c’est-à-dire qu’ils retirent les messages dérangeants. Les sites de micro-blogging ont aussi depuis août 2010 un ‘commissaire d’autodiscipline’ chargé de la censure. Les entreprises doivent s’autoréguler : entre collègues, il faut se surveiller et se dénoncer. A cela s’ajoute le parti des ‘fifty cents’, les personnes payées cinquante centimes dès qu’elles postent un commentaire valorisant le régime.

Les listes de lois restrictives ont fait florès en 2010, après l’attribution du Nobel à Liu Xiaobo. Puis les autorités ont encore serré la vis après les révoltes populaires à Tunis, au Caire et à Tripoli. Les mots-clés interdits ‘Egypte’, ‘démocratie’ ou encore ‘jasmin’ sont apparus. Les plateformes de microblogging ont été fermées un temps, puis surveillées de très près. Trois internautes ont été invités à “boire le thé”, c’est-à-dire qu’ils ont été convoqués au poste de police pour avoir relayé sur Internet des appels à la révolution. Avant d’être inculpés d’’incitation à la subversion du pouvoir de l’Etat’. 80 netdissidents croupissent en ce moment derrière des barreaux en Chine (derniers chiffres Reporters Sans Frontières).

Le plus étrange c’est que d’un côté, la répression est de plus en plus féroce, mais que d’un autre côté, de nombreux internautes ont une illusion de liberté. Car rusé, le régime laisse exister des plateformes du web participatif. Mais n’oublie pas de les surveiller de très près. Eric Sautedé, spécialiste du développement d’Internet en chine et professeur à l’université Saint-Joseph de Macau, confirme :

Le gouvernement chinois utilise aujourd’hui les ressources « consultatives » et « participatives » de ces technologies au profit d’un mode de gouvernance qui permet de faire l’impasse sur une réforme politique.((Voir son article ‘Internet, société civile et politique en Chine : Société Civile et Internet en Chine et Asie Orientale’, paru dans Hermès, 2009))

Pour jouer au chat et à la souris, rien ne vaut un bon jeu de mots

Pas forcément besoin de contourner le Great FireWall pour critiquer le régime. Certains blogueurs font preuve d’une imagination débridée, trouvent les ressources pour dire ce qu’ils ont à dire au sein même des espaces consentis par le gouvernement. Han Han par exemple n’hésite pas à envoyer des messages vides pour afficher son désaccord sur des sujets politiques.

La règle, c’est le détournement par l’humour. Le mandarin s’y prête, avec ses doubles sens qui échappent à la censure.

Ainsi un jeune créateur de vidéos d’animation a-t-il créé une satire grinçante. Pour célébrer le passage de l’année du Tigre à celle du Lapin, il a mis en scène les deux animaux, en rejouant à travers eux tous les scandales de l’année précédente : celui du lait frelaté, celui des expropriations forcées… A la fin, les lapins malmenés tiennent leur revanche : ” L’année du Lapin est arrivée. Même les lapins mordent quand on les pousse trop ! ” conclut le dessin animé.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La vidéo a été très vite interdite mais a malgré tout continué à circuler sur la Toile.

En février 2010, c’est la figure du lézard Yakexi qui a fait rire les internautes : la créature était née suite au show de la télévision centrale chinoise CCTV. Une performance de chanteurs Ouighours ventant les mérites de la politique du parti. Une partie des téléspectateurs n’y a pas cru une seule seconde. Et pour cause : de violentes émeutes avaient éclaté en juillet 2009 au Xinjiang, faisant près de 200 morts.

Les blagues sur le net pour montrer qu’on n’est pas dupes concernent de plus en plus le local. Les internautes dénoncent la corruption des officiels. L’affaire Li Gang en est un bon exemple. Le 16 octobre dernier, un jeune homme soûl conduit trop vite dans un campus, renverse et tue une jeune femme. Il ne s’arrête pas et lance “Essayez donc de me poursuivre si vous voulez, mon père c’est Li Gang”. Des utilisateurs de forums se passent le mot et finissent par retrouver qui est ce Li Gang. Il est le sous-chef de la police d’un district de la ville. L’affaire fait le tour de la blogosphère. La phrase ‘Mon père s’appelle Li Gang’ grimpe dans les moteurs de recherche et les weibo, les plateformes de microblogs.

Finalement, les autorités n’ont d’autre choix que d’arrêter le coupable et les médias officiels sont obligés d’évoquer l’affaire. Selon Lucie Morillon, de Reporters sans frontières:

L’impunité des notables locaux entraine de plus en plus de blogueurs à prendre le chemin de la dissidence, à se politiser.

Certains de ceux qui contournaient le GFW pour visionner des sketchs sur Youtube deviennent progressivement ceux qui prennent les armes du net pour clamer leur colère, et qui parviennent à faire trembler le pouvoir.

Photo FlickR CC Jason Pearce ; Joaquim Lopez Pereira ; Ninja M ; SnaPsi Сталкер.

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Le web chinois, un énorme intranet ? http://owni.fr/2010/05/04/le-web-chinois-un-enorme-intranet/ http://owni.fr/2010/05/04/le-web-chinois-un-enorme-intranet/#comments Tue, 04 May 2010 15:20:46 +0000 Eric Scherer http://owni.fr/?p=9799 Pas si simple ! … C’est vrai, en référence à la fameuse Grande Muraille de Chine, les blogueurs chinois parlent souvent du “Great Firewall”, qui entoure -ou protège- leur Internet, le transformant de facto en… intranet géant. Mais, comme souvent, la réalité est plus complexe :

> Comment expliquer, par exemple, que Danwei, site produit en anglais depuis Pékin sur les médias et la pub, soit bloqué depuis la Chine, alors que son fondateur, le Sud-Africain Jeremy Goldkorn, conseille le gouvernement Chinois en matière d’Internet?

> Pourquoi les blogueurs chinois se moquent-ils volontiers de Google, qu’ils jugent très naïf de croire qu’il va parler politique avec Pékin? “La vérité, c’est qu’ils s’en fichent! Ils utilisent Baidu, pas Google!”, m’explique Gang Lu, qui dirige, entre autres, Mobinode, blog sur la high tech d’Asie depuis Shanghai.

> Comment généraliser sur des Chinois, qui, pour les uns, versés dans les nouvelles technologies, urbains et vivant près des côtes, sont frustrés par « le Grand Firewall » mais qui cohabitent avec d’autres, qui n’ont jamais été particulièrement gênés par ces blocages et qui s’en moquent » ? souligne Kaiser Kuo, de la firme Ogilvy.

« La réalité aussi, c’est que la scène web chinoise est aujourd’hui en pleine effervescence et n’a pas grand chose à envier à l’américaine ou l’européenne, à condition … de rester dans un certain cadre”, me précise l’américain Bill Bishop, qui écrit, depuis Pékin, le blog DigiCha sur les nouveaux médias en Chine.

Une chose est sûre : comme à San Francisco, Londres ou Madrid, l’usage des nouveaux médias sociaux est ici massif. Les blogs, le microblogging, les jeux et les vidéos en ligne sont plébiscités par les quelque 400 millions d’internautes de Pékin, Shanghai ou Canton…

Ici, Youku est un clone de YouTube, Kaixin001 l’équivalent de Facebook et QQ la messagerie instantanée la plus populaire, au sein du portail Tencent, devenu la plus grande plate-forme de médias sociaux de Chine, avant même Yahoo!

Le plus grand portail chinois Sina a lancé un clone de Twitter, inaccessible, lui, depuis la Chine (sauf via un VPN ou un smart phone occidental). A noter aussi un format local original d’expression en ligne pour le public, encore plus répandu que les 60 millions de blogs: le “BBS” (Bulletin Board System).

“Il n’est pratiquement plus possible de cacher quelque chose d’important en Chine (….) Le gouvernement de Pékin ne peut pas empêcher quelqu’un de télécharger un document, au moins une fois, quelque part”, estime Jeremy Goldkorn, qui souligne que les blogs ont été utiles, ces dernières années, pour exposer de nombreuses affaires locales.

“L’Internet a ainsi permis à des citoyens internautes chinois de dénoncer des responsables corrompus. Le gouvernement laisse faire tant que les personnes incriminées n’ont pas un rang trop important”, ajoute Bishop.

Le site populaire ChinaSmack, basé à Shanghai, s’en fait souvent l’écho en anglais, tout comme le blog EastSouthWestNorth ZonaEuropa, depuis Hong Kong, qui traduit des journaux et blogs chinois. L’humour y est souvent un bon moyen de détourner la censure.

“L’Internet est le lieu unique d’expression publique en Chine et est jugé plus fiable que les médias officiels”, rapporte un journaliste occidental en poste depuis longtemps à Pékin.

Même le Premier ministre Chinois se soumet, comme la semaine dernière, à des “chats vidéo” en ligne.

Sur le web, les news plus générales restent, elles, du domaine des grands portails, qui les produisent ou les distribuent, à l’image des premiers d’entre eux, Sina, NetEase ou Sohu. L’information est gratuite partout, d’autant que les médias sont très largement subventionnés par l’État, achetés par les millions de cadres du parti, que la loi autorise la reproduction des articles, et que la lutte contre le piratage est extrêmement difficile (même si récemment de gros efforts internes ont été mis en œuvre pour mieux respecter les droits d’auteur).


Business Models

En Chine, l’avenir de la monétisation de l’information en ligne semble passer par des abonnements mensuels ou des micro-paiements: déjà quelques magazines de mode se font ainsi rémunérer (en version pdf améliorée), via des sites très populaires de littérature et de jeux en ligne, comme Shanda, où les gens paient. La vente d’objets virtuels, liés à des jeux ou des contenus connait aussi ici un très fort développement.

L’internet sur téléphone mobile, plus naturellement lié à des paiements, est en plein essor. La 3G n’est opérationnelle que depuis 2009 et des smart phones sont disponibles à moins de 100 euros. Enfin, la publicité sur Internet commence à décoller (déjà environ 2 milliards $).


Mais de grandes différences subsistent entre le paysage média chinois et celui d’Amérique du Nord et d’Europe:


»Les médias traditionnels chinois (papier, radio, TV) restent florissants, même si les jeunes ne lisent quasiment pas les journaux et regardent de moins en moins la télévision.

»Les Asiatiques de l’Est sont très à l’aise avec les technologies (notamment mobiles où ils dévorent la littérature) mais l’innovation reste un problème.

»Les journalistes chinois ont rapidement adopté les blogs, y voyant un moyen de s’exprimer un tout petit peu plus librement.

»Le rôle de l’État est énorme, dans le soutien économique des médias, comme dans leur contrôle.

« The Great Firewall »

C’est vrai “l’environnement web chinois est très hostile et très censuré, mais pas plus qu’avant”, estime Jeremy Goldkorn.

Ce fameux contrôle, explique Bishop, s’exerce de plusieurs manières:

» un blocage technique très sophistiqué de sites, d’articles de certains sites (notamment de la presse étrangère), de billets de blogs, ou de commentaires.

» un processus d’ouverture de site, blog ou d’écritures de commentaires très tatillon, puisqu’il faut s’engager à ne rien publier d’illégal ou de sensible (une liste de mots interdits serait disponible).

» un mécanisme très efficace d’auto-censure généralisé.

Reste à voir, comme le prévoyait il y a quelques années, en privé, un expert en télécommunications de la Banque Mondiale à Washington, la Chine — qui est à elle seule tout un monde– ne va pas finalement se contenter de développer son propre Internet, de plus en plus séparé du notre. Avant peut-être de convaincre d’autres pays de l’utiliser ou d’imiter son modèle, comme dans d’autres secteurs.

D’ici là, comme la fameuse Grande Muraille, pleine de trous et parfois faite de terre, n’a pas empêché les invasions Mongoles, l’Internet chinois est encore perméable et la tentation est grande aussi pour les grandes compagnies du pays, sans dettes, très rentables et pleines de cash, d’aller faire des emplettes à l’extérieur de l’Empire du Milieu. Aux Etats-Unis par exemple…

Après tout, les Pékinois, cet hiver, se sont rués dans les salles pour aller voir “Avatar” et ont boudé ….”Confucius”.

(ps: Facebook, YouTube, Twitter n’étaient pas accessibles depuis l’Internet chinois en cette première semaine de mars 2010).

Le bureau du Times de Londres dans le parc Ritan au centre de Pékin

> Article initialement publié sur AFP Mediawatch

>Illustrations CC par Grumpy.Editor, The man with the golden cam

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Les VPN, les nouvelles “concessions” de liberté en Chine sur le Net http://owni.fr/2010/03/17/les-vpn-les-nouvelles-concessions-de-liberte-en-chine-sur-le-net/ http://owni.fr/2010/03/17/les-vpn-les-nouvelles-concessions-de-liberte-en-chine-sur-le-net/#comments Wed, 17 Mar 2010 09:13:02 +0000 Martinez Garcia http://owni.fr/?p=10225 china

Voici un article de Michael Anti (Zhao Jing) , blogueur chinois, fervent défenseur de la liberté d’expression dans les pays asiatiques. Il s’exprime ici sur la Chine virtuelle. Son article a été repris le 16 mars 2010 par le site du quotidien espagnol El Mundo et est traduit ci-dessous par mes soins. Il ne fait pas que dénoncer la situation, il explique comment et pourquoi elle n’est pas désespérée.

Lu Xun est un écrivain chinois majeur du XXème siècle. Il a vécu pendant neuf ans à Shanghai. La ville était alors répartie entre différentes concessions étrangères. L’Espagne, et onze autres pays occidentaux occupaient alors les lieux. Ces concessions permettaient à des progressistes comme Lu Xu de jouir d’une liberté d’expression, peu habituelle à cette époque chaotique. Ces concessions étaient donc des exceptions de liberté.

Aujourd’hui, nous savons que Google désire se retirer du marché chinois, ou plutôt que le groupe souhaite arrêter de s’autocensurer et mettre en place un moteur de recherche non filtré. De ce fait, il est indéniable que cela donnera lieu à la création d’un système de surveillance du net plus radical encore, le Grand « Coupe-feu », et la connexion à Internet se stoppera lors d’une recherche de sujets sensibles tels que Hu Jintao, Tian An Men ou encore dalaï-lama.

Toutefois, de nombreux internautes chinois se réunissent sur Twitter, bloqué en Chine depuis juin dernier, et espèrent que Google se retirera de façon officielle rapidement. Puisqu’il leur est désormais possible d’accéder à un Google non censuré sans que leur connexion se coupe, pourquoi pleureraient-ils la perte de google.cn ?

En Chine, les habitants n’ont pas accès à Facebook, Twitter, Youtube ou d’autres services interactifs intéressant et UGC (user generated content). Le régime tient à contrôler toute l’information, mais le web 2.0 est trop rapide et trop vaste pour que les censeurs parviennent à tout superviser. Et à la manière de leurs rivaux de la Chine ancienne, ils empêchent les citoyens de manifester leur désaccord.

Tout comme Lu Xun vivait dans les concessions étrangères, de nombreux internautes chinois utilisent aujourd’hui le Virtual Private Network (VPN), un accès sécurisé à des ordinateurs à distance. C’est donc un réseau virtuel s’appuyant sur un autre réseau et permettant ainsi un accès libre à Internet.

J’ai moi-même obtenu deux VPN (entre 25 et 40$ chacun). Le second ne me sert que de copie, de sécurité si le premier plante. De nombreux VPN et proxies ont déjà été supprimés par le Grand Couvre-feu chinois. Les autorités hésitent à le faire également pour les VPN commerciaux mais les cinq cents membres de Fortune, à Shanghai, en ont besoin pour les affaires et les expatriés les utilisent pour communiquer avec leur famille à l’autre bout du monde. Sans ces VPN, la Chine serait comme un désert informatif dans lequel les étrangers ne pourraient pas respirer, et donc vivre. Et si les communistes détestent la liberté d’expression, ils adorent le marché mondial.

De cette façon, grâce à ces hommes d’affaire et les émigrés, je profite d’internet librement avec ces concessions que sont devenues les VPN. Elles sont les exceptions de la censure chinoise. Beaucoup d’internautes les utilisent pour obtenir des infos qu’ils diffusent ensuite sur les sites chinois comme Sina, Youku, Tudou,…

Aujourd’hui, j’ai tweeté: « Ceux qui n’auront pas utilisé de VPN, seront des citoyens de seconde catégorie dans cette société de l’information parce qu’un abîme s’est ouvert entre le web des VPN et celui censuré » Cela signifie que la majorité des jeunes Chinois font partie de cette tragédie.

Doit-on avoir peur de la croissance de la Chine ? Non. Mais seulement en partie. Je ne pas que ceux qui vivent avec la censure d’Internet puissent innover et donc s’engager dans la création d’un grand futur. Mais ceux à qui on a lavé le cerveau, notamment par cette censure, pourraient avoir des idées et des opinions partiales sur le monde libre.

Je devrais remercier Google. Son action courageuse, même si elle semble stupide, est aussi un appel visant à réveiller les internautes chinois. Un d’eux a posté un commentaire après une propagande anti-Google : « Google, je t’en prie, va-t-en le plus loin possible mais n’oublie pas de m’emmener avec toi »

Google-bye, je te salue de la concession VPN en Chine. J’espère que c’est un au revoir temporaire avant de mieux nous retrouver.

> Article original : VPN, las ‘concesiones’ de libertad en Internet contra la censura en China

> A ce propos, lire aussi l’article du Soir : Le Cinquième pouvoir aux cyber-citoyens !

> Michael Anti : http://twitter.com/mranti

Billet initialement publié sur le blog d’Anaïs Martinez sous le titre “Les VPN, nouvelles concessions chinoises”

Image Pip_Wilson sur Flickr

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