OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La démocratie par tirage au sort http://owni.fr/2011/11/18/la-democratie-par-tirage-au-sort/ http://owni.fr/2011/11/18/la-democratie-par-tirage-au-sort/#comments Fri, 18 Nov 2011 11:17:22 +0000 Jean-Paul Jouary http://owni.fr/?p=87389

Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie ; le suffrage par choix est de celle de l’aristocratie. – Montesquieu.

Il peut paraître choquant aujourd’hui de se demander si suffrage universel et la démocratie sont identiques, tant le droit de vote a été difficile à acquérir, et tant il est évident que les peuples qui en sont privés sont pour cela même privés de démocratie. De fait, il n’est pas de démocratie sans que le peuple opère ses choix par le suffrage universel.

Cela signifie-t-il pour autant que tout suffrage universel soit démocratique ? Aux Etats-Unis par exemple, parce que les juges sont élus, ils peuvent faire campagne en surfant sur les passions populaires du moment, quitte à ignorer ce que les lois ont de plus légitime et, dans certains Etats, usent même de la peine de mort à cette fin. A l’inverse, en France par exemple, on trouve normal de ne pas élire les jurés d’assises, mais de les tirer au sort, parce que les élire conduirait ici aussi à faire dépendre la justice de la perception passionnelle de tel ou tel fait divers du moment. Dès qu’il s’agit d’appliquer une règle décidée par le peuple, et de rien d’autre, et surtout pas de donner le pouvoir de modifier les règles, le tirage au sort ou la nomination administrative paraissent plus démocratique que l’élection par suffrage. Ce principe est admis, sauf dans l’exception notable… de la nomination des gouvernants !

On ignore trop souvent qu’au XVIIIe siècle encore, Montesquieu pouvait écrire comme une évidence que “le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie ; le suffrage par choix est de celle de l’aristocratie”. De même que dans la Grèce antique, où fut inventée la démocratie, Aristote considérait “comme démocratique que les magistratures soient attribuées par le sort et comme oligarchiques qu’elles soient électives.” Pourquoi donc pendant des siècles a-t-on considéré qu’élire des gouvernants était opposé à la démocratie ? La raison en est que celui qui est tiré au sort ne peut se prévaloir d’un choix par le peuple pour ses idées et qualités personnelles, et ne peut donc prétendre qu’on lui a confié le pouvoir de décider en son nom, à sa place, voire contre lui. Tandis que celui qui a été élu se sent investi d’une confiance qui se transforme bientôt en prétention qu’on lui a délégué le pouvoir de décider de la sorte, c’est-à-dire à la place du peuple.

C’est pourquoi à Athènes le tirage au sort fut pratiqué pendant deux siècles pour désigner l’immense majorité des magistrats de l’administration, étant entendu que les décisions essentielles appartenaient au vote direct de l’ensemble des citoyens. C’est pour les mêmes raisons qu’à l’aube de la Renaissance italienne, dans les périodes républicaines de cités comme Florence, les démocrates refusèrent l’élection des gouvernants au suffrage universel et préférèrent encore une fois les tirer au sort.

Proposer de tirer au sort le Président de la République et les députés passerait bien sûr pour une plaisanterie dans la France d’aujourd’hui : il y faut des “compétences”, se moquera-t-on. Et puis le peuple d’un grand pays ne peut passer son temps à voter ! Mais alors, pourquoi parle-t-on encore de “démocratie”, si le suffrage universel donne des pouvoirs à l’ensemble des incompétents ? Et si consulter le peuple est si dangereux, pourquoi prétendre le “représenter” ? Décide-t-on en son nom ou à sa place ? Après tout, il y a peu de temps, on entendit à droite et dans une certaine gauche qu’il serait mauvais de refaire voter les Français sur le Traité de Lisbonne car ils risqueraient de le refuser une seconde fois ! Ajoutons que si la France est capable de vendre à des dictatures des moyens électroniques de surveillance de l’ensemble d’un peuple, pourquoi les mêmes techniques ne permettraient-elles pas de consulter le peuple sur une foule de questions qui le concernent ?

En fin de compte, vingt-cinq siècles de démocraties diverses et de réflexions philosophiques tout aussi diverses sur la démocratie nous enseignent une chose finalement très simple : le suffrage universel est à la fois la condition absolue de toute démocratie, et le moyen le plus efficace jamais inventé pour conduire un peuple à déléguer lui-même toute sa souveraineté à quelques-uns. Le problème devient donc celui que nous posions dans notre première chronique : celui de la verticalité des processus de décisions, du haut vers le bas comme du bas vers le haut, et de l’urgence de déployer pleinement l’activité citoyenne horizontalement.

Le développement multiforme des manifestations d’‘indignés”, de Tunis au Caire, de Madrid à Tel Aviv et de New-York à Paris, ne traduit-il pas l’émergence d’une nouvelle façon de pratiquer la démocratie, et de substituer à des shows médiatiques générateurs de passivité citoyenne une communication sociale entre tous les acteurs sociaux, génératrice d’inventions citoyennes ? Le sentiment que les “représentants” du peuple ne le re-présentent plus vraiment conduit ainsi au désir de manifester directement sa présence. Loin d’être donc un risque pour la démocratie et une dépolitisation, ces pratiques nouvelles annoncent-elles peut-être une réinvention très politisée de la démocratie active. A la confiance aveugle et la dépossession de sa souveraineté, qui conduisent de fait à l’abstention, aux exaspérations dangereuses et à la soumission, il n’est pas impossible que se substitue peu à peu, de façon tâtonnante, une conception plus exigeante de la politique.


A lire sur ces questions :

La démocratie anesthésiée, que Bernard Vasseur vient de publier aux Editions de l’Atelier. Les formes du travail et les dogmes de l’économie libérale y sont mis en relation avec les loisirs dominants devenus l’une des facettes du temps contraint, et avec les modalités effectives de la démocratie représentative. Dans quelles circonstances la Révolution française a-t-elle pu accoucher de cette nouvelle conception de la démocratie, qui de fait associe le peuple lui-même à la dépossession de ses prérogatives politiques ? On y découvre l’origine de nos formes actuelles de démocratie dans l’affirmation de Sieyès selon laquelle “l’intérêt commun, l’amélioration de l’état social lui-même nous crient de faire du gouvernement une profession particulière”.

A lire aussi Les principes de la démocratie représentative, de Bernard Manin (Ed. Flammarion).


Illustration via Flickr par Temari09 [cc-by-nc] remixée par Ophelia Noor pour Owni.
Poster-citation de Marion Boucharlat [by-nc-sa] pour OWNI.

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Les sondages écrivent notre futur politique http://owni.fr/2011/10/24/les-sondages-ecrivent-notre-futur-politique-presidentielle-ps/ http://owni.fr/2011/10/24/les-sondages-ecrivent-notre-futur-politique-presidentielle-ps/#comments Mon, 24 Oct 2011 09:49:21 +0000 Jean-Paul Jouary http://owni.fr/?p=84264

La question n’est pas, comme pour Hamlet, d’être ou de ne pas être, mais d’en être ou de ne pas en être.
- Marcel Proust

Revenons sur l’idée à laquelle nous étions parvenus dans la chronique précédente : alors que la parole vivante peut engendrer des créations historiques comme certains peuples l’ont prouvé au cours de cette année, les sondages sur les intentions de vote induisent des comportements d’adaptation à un avenir déjà écrit et enferment dans les logiques présentes. Ils ne sont cependant pas vécus comme tels.

Que le citoyen soit hésitant ou bien déjà décidé, il recevra les sondages comme un futur déjà écrit et ne pourra alors que s’interroger sur ce qu’il peut faire pour garantir ou empêcher ce futur. Dès lors, ce n’est plus son opinion ou ses engagements qui seront son critère de choix, mais une certaine idée de l’efficacité qui risque fort de l’inviter dans certains cas à rechercher à peser contre ce qu’il ressent comme la pire des perspectives, et dans d’autres cas à se réjouir de la configuration finale mais à rechercher le signe qu’il pourrait envoyer au premier tour à l’adresse du futur vainqueur. Un certain 21 avril encore tout proche, la certitude répétée que la gauche serait opposée à la droite au second tour, alimentée pendant deux ans par les sondages, éleva la présence de Lionel Jospin à ce second tour au rang de certitude absolue. Un futur nécessaire. Dès lors chacun se sentit en droit, au premier tour, de lui envoyer un message d’exigence de gauche et de mécontentements divers. Dès lors, ce présent engendra un futur modifié, et le cauchemar de Le Pen au second tour.

Jamais sondages d’opinion ne manifestèrent avant autant d’évidences leur capacité non à prévoir l’avenir, mais à le modifier à la façon des prévisions de trafic automobile de « bison futé », que nous évoquions dans notre précédente chronique. Et cette leçon a inspiré les sondages de la campagne présidentielle de 2012. Passons sur tous ceux qui prévoyaient une victoire de DSK, finalement écarté de l’élection dans les conditions que l’on sait. Ils rappelèrent les centaines d’enquêtes qui mesurèrent en 1995 le rapport Balladur / Delors au second tour d’une présidentielle où aucun des deux ne figura.

Cette fois, tout commence vraiment au mois de mars 2011 : deux sondages aux méthodes farfelues placent Marine Le Pen en tête des intentions de vote. Effroi : à droite comme à gauche, l’idée d’un nouveau 21 avril commence à dissuader de voter pour un candidat autre que le Président sortant ou le candidat socialiste. Du coup, les enquêtes suivantes consacrent cette bi-polarisation et découragent bien des autres candidats de se présenter.

On sait désormais qu’entre les intentions de vote et ce que sera réellement le vote, deux candidats seulement bénéficieront d’un réflexe de vote efficace au détriment de tous les autres. Et tant pis pour les convictions profondes des citoyens. Même pour se déterminer lors des « primaires » socialistes, chacun se demande avant tout qui serait le mieux placé pour figurer et l’emporter au second tour. Cela ne suffit pas : malgré l’absence d’échantillon crédible, malgré l’inconnue de la participation à ce scrutin sans précédent, les sondages d’intention de vote vont dès ce niveau pré-figurer qui peut accéder au second tour de la primaire elle-même, et induire la recherche du vote efficace.

Allons plus loin : puisque les sondages d’intention de vote contribuent en fait à les façonner, les divers scrutins finissent soit par leur donner raison, soit par leur donner tort parce que tel était le but recherché. Comme « bison futé » paraît avoir tort lorsque, à l’heure annoncée comme devant être celle des embouteillages, la circulation est finalement fluide : la prévision est démentie parce qu’elle a modifié les comportements des automobilistes dans le sens voulu.

Malgré l’absence d’échantillon crédible, malgré l’inconnue de la participation à ce scrutin sans précédent, les sondages d’intention de vote vont dès ce niveau pré-figurer qui peut accéder au second tour de la primaire elle-même, et induire la recherche du vote efficace.

Je ne choisis plus le moment de mon départ en vacances selon mon désir, mais selon ce que l’on m’annonce comme futur découlant des choix qui découlent de mon désir. En matière d’élection, je ne choisis plus mon vote selon mes idées, mais selon ce que l’on m’annonce comme futur découlant des choix dictés par mes convictions. Je dois abandonner mon être au profit d’une foule extérieure à moi dont je dois ou ne dois par faire partie. Comme l’écrivait déjà Marcel Proust dans Sodome et Gomorrhe à propos de la politique en France, « La question n’est pas, comme pour Hamlet, d’être ou de ne pas être, mais d’en être ou de ne pas en être ».

Mais cette question en amène aussitôt une autre : comment les citoyens ont-ils pu être conduits à concevoir la politique, non plus comme une libre participation à un avenir commun, mais comme le transfert de leur souveraineté à une ou plusieurs personnes providentielles ? Si la démocratie suppose bien sûr le suffrage universel, le suffrage universel suffit-il à assurer la démocratie ? Cette interrogation a vingt six siècles, parce qu’elle est aussi ancienne que l’idée même de démocratie. Il faudra donc y revenir dans la prochaine chronique.

NB : A lire, si ce n’est fait, Le pari mélancolique, du regretté philosophe Daniel Bensaïd, publié aux éditions Fayard, pour sa façon d’articuler l’espace et le temps du politique, à l’aide de Pascal, Marx et Mallarmé. Une œuvre qui invite à s’expliquer avec la politique, en tant qu’ « elle a toujours affaire à l’obscurité et au péril des lendemains ».


Photo via Flickr par Paternité Sarai | Fotography et illustration de Marion Boucharlat pour Owni /-)

Essayiste, Jean-Paul Jouary chronique avec philosophie une présidentielle pleine de philosophie. Retrouvez ses billets sur OWNI.fr.

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Les propositions de ¡Democracia Real Ya! http://owni.fr/2011/06/01/les-propositions-de-%c2%a1democracia-real-ya/ http://owni.fr/2011/06/01/les-propositions-de-%c2%a1democracia-real-ya/#comments Wed, 01 Jun 2011 09:40:24 +0000 Admin http://owni.fr/?p=65414

Nous avions publié le manifeste du collectif  ¡Democracia real ya! la semaine précédente, voici les propositions, votées en assemblée le 19 mai sur la place Sol à Madrid.

Elles abordent sept points en détail : la classe politique, les banques, les services publics, la démocratie participative, les impôts, le chômage et le logement. Les demandes principales concernent le changement de la loi électorale, une loi de responsabilité politique qui oblige les élus à rendre des comptes, l’augmentation du salaire minimum, le maintien des services publics.

La prochaine étape pour le mouvement concerne l’occupation de la place Sol, la décision devrait être prise cette semaine. Pour le moment, la décision a été prise de restructurer le campement [es]. Ce matin, le ministre de l’intérieur Alfredo Perez Rubalcaba a averti les manifestants qu’ils ne pourraient pas rester plus longtemps sur la place” [es] en raison notamment de la perte de chiffre d’affaires des commerçants.

1. Suppression des privilèges de la classe politique

  • Contrôle stricte de l’absentéisme des élus à leurs différents postes. Sanctions spécifiques contre les abandons de postes.
  • Supression des avantages sur le paiement des impôts, les années de cotisation et le montant des retraites. Alignement du salaire des élus sur le salaire médian espagnol, en ajoutant les indemnités de déplacement qui sont nécessaires pour l’exercice de leurs fonctions.
  • Fin de l’immunité associée à la fonction d’élu. Les délits de corruptions seront imprescriptibles.
  • Publication obligatoire du patrimoine des élus.
  • Réduction des postes obtenus par nomination.

2. Lutte contre le chômage

  • Répartition du travail pour développer la réduction du temps de travail et un accord sur le travail jusqu’à élimination du chômage structurel, c’est à dire jusqu’à ce que le taux de chômage descende en dessous de 5%.
  • Retraite à 65 ans et aucune augmentation de l’âge de la retraite pour en finir avec le chômage des jeunes.
  • Bonus pour les entreprises qui comptent moins de 10% de contrats de travail temporaires
  • Sécurité de l’emploi : interdiction des licenciements collectifs dans les grandes entreprises qui font des bénéfices, et vérification de leurs comptes pour s’assurer que les travailleurs embauchés en CDD n’auraient pas pu l’être en CDI.
  • Rétablissement de l’allocation chômage de 426 € pour tous les chômeurs de longue durée.

3. Droit au logement

  • Expropriation par l’Etat des logements construits “en stock” et invendus pour les remettre sur le marché en tant que HLM.
  • Aide financière au logement pour les jeunes et toutes les personnes à revenus faibles.
  • Autoriser la donation de biens pour payer son logement et lever les hypothèques.

4. Services publics de qualité

  • Suppression des dépenses inutiles dans les administrations publiques et mise en place d’un système de contrôle indépendant des budgets et des dépenses.
  • Recrutement du personnel de santé pour en finir avec les listes d’attente.
  • Recrutement d’enseignants pour obtenir un nombre d’élèves par classe décent, et permettre le travail en petits groupes et les classes de soutien.
  • Réduction des frais de scolarité appliqué à tout l’enseignement universitaire, des troisièmes cycles aux 1ers cycles.
  • Financement public de la recherche afin de garantir son indépendance.
  • Des transports publics à un prix abordable pour tous, de qualité et respectueux de l’environnement : rétablissement des lignes de train classiques remplacées par l’AVE (ndlr : TGV espagnol), et de leur prix d’origine. Réduction du prix des tickets d’autobus. Restreindre la circulation automobile dans les centres urbains et construction de pistes cyclables .
  • Ressources sociales locales : mise en application de la loi sur la Dépendance, des réseaux municipaux de soins, des services locaux de médiation et de mise sous tutelle.

5. Contrôle des organismes bancaires

  • Interdiction de tout sauvetage ou injection de capital pour les organismes bancaires : les institutions en difficulté doivent faire faillite ou être nationalisées pour constituer une banque publique sous contrôle social.
  • Augmentation des impôts des banques proportionnellement aux dépenses sociales causées par la crise provoquée par leur mauvaise gestion.
  • Restitution au Trésor public de toutes les aides publiques reçues par les banques.
  • Interdiction pour les banques espagnoles d’investir dans les paradis fiscaux.
  • Régulation au moyen de sanctions des mauvaises pratiques bancaires et de la spéculation.

6. Fiscalité

  • Augmentation du taux d’imposition sur les grandes fortunes et les organismes bancaires.
  • Suppression des SICAV.
  • Rétablissement de l’impôt sur la fortune
  • Le contrôle réel et efficace de la fraude fiscale et la fuite des capitaux vers les paradis fiscaux.
  • Promouvoir au niveau international l’adoption d’une taxe sur les transactions financières internationales (taxe Tobin).

7. Libertés citoyennes et démocratie participative

  • Non au contrôle de l’Internet. Abolition de la Loi Sinde.
  • Protection de la liberté de l’information et du journalisme d’enquête.
  • Référendums obligatoires et contraignants  sur les questions de fond qui modifient les conditions de vie des citoyens.
  • Référendums obligatoires pour toutes les introductions de mesures dictées par l’Union européenne.
  • Amendement de la loi électorale afin de garantir un système réellement représentatif et proportionnel qui ne discrimine aucune force politique ou volonté sociale, et où les votes blancs et nuls seront également représentés au Parlement.
  • Indépendance du pouvoir judiciaire : réforme du Ministère public afin de garantir son indépendance, refus de la nomination par le pouvoir exécutif des membres de la Cour constitutionnelle et du Conseil général du pouvoir judiciaire.
  • Mise en place de mécanismes efficaces garantissant la démocratie interne au sein des partis politiques.

8. Réduction des dépenses militaires


L’affiche et le texte original en espagnol sont disponibles sur le site officiel de ¡Democracia Real Ya!
Traduction : Ophelia Noor /-)
Photos : Lucas Deve pour Owni /-)

Retrouvez tous les articles de notre précédente Une sur les mouvements sociaux espagnols et tous les articles sur l’Espagne.

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Jose Luis Sampedro: “un autre monde est certain” http://owni.fr/2011/05/22/jose-luis-sampedro-la-vie-ne-s-arrete-pas-revolution-espagne/ http://owni.fr/2011/05/22/jose-luis-sampedro-la-vie-ne-s-arrete-pas-revolution-espagne/#comments Sun, 22 May 2011 17:56:33 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=63927 Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les sous-titres sont disponibles en cliquant sur “CC”, en anglais, et pour le français en version béta.

José Luis Sampedro, écrivain espagnol et économiste de 94 ans, a accordé un entretien à Movimiento Visual le 14 mai, la veille des manifestations organisées par le mouvement ¡Democracia Real Ya! et auxquelles il a apporté tout son soutien. La vidéo de dix minutes, alterne intelligemment les propos de Sampedro avec les paroles de gens de la rue qui lui font parfaitement écho, enregistrées le lendemain, pendant les manifestations du 15 mai.

Sampedro a connu la guerre d’Espagne, vécu sous le franquisme et enseigné l’économie pendant plusieurs années à l’université Complutense de Madrid et à l’étranger. Nommé à l’Académie royale espagnole en 1990, il connait le succès avec son roman Le sourire étrusque, chroniqué en 1994 dans Le Monde Diplomatique.

Avec une lucidité et une énergie incroyable, il expose les raisons qui ont mené les Espagnols à se révolter et descendre dans la rue, contre la classe politique actuelle et sa manière de gouverner, contre les mesures d’austérité économiques imposées pour “sortir de la crise”.

La crise des valeurs :

Notre culture occidentale vit une crise des valeurs brutale. Parce qu’elle a substitué les valeurs pour les intérêts économiques. Comme dirait Marx, ce qui prime c’est la marchandise. Ils le disent également dans le manifeste du mouvement ¡Democracia real ya!

L’humanisme :

Il existe d’autres formes de développement : développement de la personnalité, de son être intérieur. Être chaque fois meilleur, humain, plus positif, et non pas conditionné par la productivité.
Bien sûr qu’il existe des alternatives. Ne vous inquiétez pas, quand le système aura coulé, et il coule – ce que nous vivons actuellement est la barbarie que provoque son effondrement – autre chose viendra. La vie ne s’arrête jamais. Ou les banquiers pensent-ils qu’ils sont immortels ?

L’attitude à avoir est de prendre conscience de la réalité. Ne pas accepter, sans faire une auto-critique ou sans discussion intérieure avec soi même, tout ce qu’on nous dit.

Le paysage politique :

Les deux gouvernements possibles (PP ou PSOE) sont capitalistes (…). Les deux sont les esclaves des financiers. Et la preuve en est leur sortie de crise stupéfiante : ils gagnent à nouveau les salaires qu’ils veulent, ils vivent comme avant, se partagent l’argent comme ils veulent, font ce qu’ils veulent et pendant ce temps nous continuons à en payer les conséquences. Il me semble qu’il faut chercher un autre équilibre avec d’autres partis si c’est possible.

L’opinion publique :

Est ce que les gens sont fous ? Non, ils sont manipulés. L’opinion publique n’est pas l’opinion publique. Ce n’est pas le résultat de la pensées réflexive des gens. Ce qu’on appelle l’opinion publique est une opinion médiatique, créé par l’éducation et les médias. Les deux partagent les intérêts du pouvoir, parce que le pouvoir exerce un contrôle sur eux. Et c’est tout. En faisant de l’opinion publique l’opinion médiatique, vous tuez l’opinion des gens.

Les manifestations :

Bien sûr que s’il y a une manifestation et même si d’autres suivent et que les jeunes s’unissent, par dessus tout, parce que ce sont eux qui vont payer le prix fort, alors vous pourrez redresser les choses. Mais penser qu’une seule manifestation va changer les choses, c’est difficile. [...] Le système s’est dégradé. Il existe des alternatives. Et elles viendront quoiqu’il arrive. C’est certain. Dimanche 22 mai ? Je vais voter. Bien sûr que je vais voter.

“Un autre monde est possible”, et je dis, non, un autre monde n’est pas possible, il est certain ! Ce qui est sûr, c’est le changement. Jusqu’à quel point ? Cela dépendra de ce que nous ferons.


Retrouvez tous les articles de notre Une Espagne sur OWNI (illustration de Une CC Flickr Le Camaleon)
- Comprendre la révolution espagnole
- Manifeste ¡ Democracia real ya !

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Le Web, acteur et enjeu de la vie politique russe http://owni.fr/2011/05/04/internet-web-politique-russie/ http://owni.fr/2011/05/04/internet-web-politique-russie/#comments Wed, 04 May 2011 09:36:46 +0000 Julien Nocetti http://owni.fr/?p=60876 Relativement libre, le traitement du Web en Russie contraste avec le contrôle étroit exercé sur les médias traditionnels, télévision en tête. Le phénomène des blogs est porté par la croissance substantielle du Net en Russie depuis une décennie. Le potentiel politique de la blogosphère est régulièrement mis en avant par les affaires de corruption révélées par des blogueurs-militants, comme celui impliquant le groupe pétrolier Transneft, dénoncé par Alexeï Navalny [EN] à l’automne 2010, ou la polémique née de la construction d’une autoroute traversant la forêt de Khimki [EN], au nord de Moscou.

La blogosphère, caisse de résonance du ressentiment populaire

La mobilisation pour la sauvegarde de cette zone protégée s’est structurée en grande partie sur la blogosphère. Dans les situations extrêmes, les blogueurs sont les premiers à répandre la nouvelle et à agréger l’information. Le rôle des blogs et des micro-blogs, comme Twitter, a ainsi été crucial dans la couverture médiatique des attentats du métro de Moscou en mars 2010 ou des incendies dévastateurs de l’été 2010. L’action d’opposition concerne désormais moins les figures ou partis politiques que les actions de terrain. Le Web sert souvent de dernier recours dans des situations désespérées, comme en témoigne la mode des « policiers YouTube » [EN] ou les manifestations d’automobilistes dans l’Extrême-Orient. Les sceptiques estiment que les blogs sont utilisés par l’Etat comme un moyen de canaliser les opinions critiques tout en conservant intact un système politique semi-autoritaire.

Dimitry Medvedev - World Economic Forum Annual Meeting 2011

Cette utilisation politique du Web – néanmoins balbutiante – a attiré l’attention du Kremlin. Le numérique crée en effet un défi de gouvernance et de légitimité politique que le président Medvedev, plaçant les nouvelles technologies en tête des priorités de son mandat et lui-même technophile convaincu, a su anticiper. Cette démarche se traduit par une implication de plus en plus visible des gouvernants (ministres, parlementaires, gouverneurs des régions) sur les principales plateformes de blogs et les réseaux sociaux comme Vkontakte (équivalent russe de Facebook) ou Twitter. A l’origine de ce « dédoublement virtuel » : l’inquiétude du Kremlin dans la perte de confiance des citoyens dans les médias officiels, tandis que le Web est un moyen de promouvoir la modernisation du système politique. Avec plus ou moins de succès [PDF] jusqu’à présent.

Frontières numériques = frontières physiques ?

Multipliant les projets dans la sphère numérique, l’État russe est un « acteur proactif » du Web, qui tente de modeler l’espace d’information national et de diffuser des messages politiques qui lui sont favorables. L’objectif est de parvenir à une « russité » du Net russophone, c’est-à-dire de calquer les frontières numériques sur les frontières physiques. Dans cet objectif, les autorités superposent une série d’initiatives incitant les internautes à rester dans le cadre du cyberespace national. Tant le projet de créer un moteur de recherche d’État [RU] que l’adoption de l’open source par les différents organes du pouvoir ou le lancement d’un nom de domaine en cyrillique relèvent de cette logique.

En plus de « souverainiser » le Net russe, le Kremlin cherche à établir un contrôle à la fois plus ferme et sophistiqué sur le Web. Le pouvoir a su créer un corpus juridique favorable au contrôle des flux informationnels et cultiver une communauté dynamique de « gourous de l’Internet ». Ceux-ci, par le biais de startups, favorisent la diffusion de messages pro-Kremlin dans les forums et blogs. En outre, l’État concentre les actifs des firmes russes du Net entre les mains d’entrepreneurs proches du Kremlin. On estime ainsi que près de 70 % des pages vues sur le Net russe appartiennent aux sites web du groupe Mail.ru (ex Digital Sky Technologies), qui rassemble le portail Mail.ru, les réseaux sociaux Vkontakte et Odnoklassniki, et participe au capital de Facebook et de startups prometteuses comme Groupon, Zynga ou Spotify.

La route vers les élections sera numérique

Le discours des dirigeants russes sur le numérique reste toutefois empreint d’une certaine schizophrénie. D’un côté, l’administration présidentielle, autour de Dmitri Medvedev, focalise ses initiatives sur le potentiel modernisateur et innovant des nouvelles technologies du Net. D’un autre côté, les siloviki – l’entourage de Vladimir Poutine – redoutent un « scénario à l’arabe » : en Tunisie et en Egypte, les outils du Web 2.0 ont joué un rôle indéniable dans l’organisation des manifestations et la diffusion des événements en cours. Pour ce clan politique, l’Occident – avec Google, Facebook, Twitter et YouTube en « bras armés » – aurait trouvé là un nouveau moyen de faire avancer ses intérêts après les révolutions de couleur dans l’espace post-soviétique. Les récentes déclarations d’Igor Setchine (vice-premier ministre) et d’un haut responsable du FSB, assimilant ces outils à une « menace pour la sécurité de la Russie », valident cette nervosité au sommet.

Quant aux internautes, les récentes cyber-attaques sur la plateforme de blogs LiveJournal [RU], très populaire, ravivent leurs craintes. Assimilées à un « galop d’essai » du pouvoir avant les échéances électorales par certains blogueurs russes, ces attaques traduisent le potentiel de nuisance des autorités sur le Net. A l’approche des campagnes électorales, le rôle des médias et réseaux sociaux sera donc à surveiller de près.


Illustrations Flickr CC France Diplomatie et World Economic Forum

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La France a mal à sa liberté d’expression http://owni.fr/2010/03/25/la-france-a-mal-a-sa-liberte-d%e2%80%99expression/ http://owni.fr/2010/03/25/la-france-a-mal-a-sa-liberte-d%e2%80%99expression/#comments Thu, 25 Mar 2010 15:34:21 +0000 Ulrich http://owni.fr/?p=10887 3111207407_d7b10c180a_o

Depuis plusieurs mois, je constate qu’un thème revient plusieurs fois sur le devant de la scène, en France: celui de la liberté d’expression.

J’observe, du haut de ma chaire d’expatrié volontaire, que ce débat n’est qu’un des nombreux symptômes d’une France et de ses habitants en proie à un affreux doute.

Le débat sur l’identité nationale en est une des manifestations, ses abstentions records à chaque élection un autre et ce vieux serpent de mère qu’est la liberté d’expression alimente régulièrement ce vieux fond de pot. Les français ont aussi cette incroyable faculté à cristalliser leurs passions sur des détails et à s’enflammer dès que l’un d’entre nous se mouche de travers.

L’affaire Frêche en est un exemple et le futur possible limogeage de Zemmour/Guillon, un autre. J’ai constaté aussi, qu’en France, on aime beaucoup juger les gens à l’aune des petites phrases sorties de leurs contextes. Est-ce un vieux réflexe hérité de la Révolution Française, lorsque le jury populaire fut institué ?

En tout cas, une chose est certaine, celui sur la liberté d’expression est un débat qui remonte aux calendes grecques, depuis le jour où deux pays, en très peu de temps, l’inscrivirent l’une dans sa constitution et en fit son premier amendement et l’autre dans une charte des droits de l’homme.

De part et d’autres de l’Atlantique, deux pays se firent le garant de la liberté d’expression et s’inscrivent historiquement, avec tout le poids de la légitimité, dans un débat continuel. Cependant, le concept de la liberté d’expression ne prit pas le même chemin en France et aux Etats-Unis. Deux tendances se sont toujours affrontées et si aux Etats-Unis, l’une s’inscrivit durablement, ce fut en France une toute autre affaire.

Deux conceptions différentes

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Nul besoin de répéter que la liberté d’expression est un de nos droits fondamentaux. Dans nos pays occidentaux, ce droit n’est guère remis en cause, il s’est inscrit dans notre ADN. Mais est-ce un droit absolu ? Poser ainsi le débat sur la liberté d’expression prend un tout autre sens.

Pour la défense de ce droit, deux camps se sont toujours opposés. Et il faut remonter à la Révolution Française pour en connaître l’origine. Les français ne se doutent pas (du moins, plus) que la rédaction de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen fut l’objet d’âpres débats au sein de la Constituante.

Ce fut le premier travail de l’Assemblée Nationale. Les travaux commencèrent le 09 juillet 1789, le texte fut voté le 26 août mais ne fut ratifié que le 5 octobre par Louis XVI sous la pression populaire et entra en vigueur que le 3 novembre. L’un des débats les plus soutenus fut celui autour de la liberté d’expression.

D’un côté, Emmanuel-Joseph Sieyès, que les français ont certainement oublié, mais qui est l’une des figures marquantes de la Révolution Française, puisqu’il écrivit le texte fondateur « Qu’est-ce-que le Tiers Etat ? » et fut le rédacteur du serment du Jeu de Paume ; de l’autre, Marat et Robespierre qu’on ne présente plus.

Sieyès voulait que la liberté d’expression soit limitée et encadrée par la Loi ; Marat et Robespierre estimaient, au contraire, qu’elle devait être indéfinie et illimitée, rejoignant ainsi le combat de Voltaire. La motion supportée par les partisans de Sieyès l’emporta et s’inscrivit dans l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen :

La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté, dans les cas déterminés par la Loi.

En clair, ma liberté d’expression s’arrête là où commence celle des autres.

Contrairement, aux Etats-Unis, où l’on conçoit facilement qu’on puisse laisser le Klux Klux Khan avoir pignon sur rue et en même temps, mettre le combat pour les Droits Civiques au cœur des préoccupations citoyennes, on constate que les américains sont farouchement attachés à cette liberté qui est pour eux le dernier rempart contre toutes formes de tyrannie. Dans sa préface à l’essai de Noam Chomski,  De la guerre comme politique étrangère des Etats-Unis, Jean Bricmont expliquait parfaitement cette différence entre la position Sieyès et celle américaine, soutenue par le même Chomski.

En France, cette liberté d’expression (« ce pragmatisme libertaire et économique ») a du mal à trouver un écho. Il y a même une certaine hostilité à imaginer que l’on puisse dire tout et son contraire.

Les crispations françaises

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Qu’en 2010, on puisse encore lire dans la presse, sur Internet que la liberté d’expression est en danger, démontre bien que les français ne sont pas fondamentalement à l’aise avec cette liberté d’expression, telle qu’elle a été définie depuis plus de 200 ans. Elle se manifeste par une crispation permanente des acteurs et des citoyens sur le sujet, à chaque fois qu’une personnalité est supposée avoir dit quelque chose qui heurte une sensibilité.

Malheureusement, là où Sieyès s’est quelque peu fourvoyé, c’est la propension des français à se confronter, violemment ou pas, sur tout et n’importe quoi et à donner une valeur morale à la liberté d’expression. Cette notion du bien et du mal pourrit le débat en France. A ce jeu pervers des petites phrases, brandir d’un côté la liberté d’expression et de l’autre, le Droit, permet d’évacuer à grands seaux d’eau le débat d’idées. Cette morale à la française leur interdit de concevoir le débat et l’échange des idées, dans un cadre serein.

Oui, Guillon et Zemmour ont le droit de dire ce qu’ils ont dit. Quels contre-arguments peut-on leur opposer sans que ça ne devienne une foire d’empoignes et sans que le poulailler des bien-penseurs monte sur ses ergots et agite le chiffon rouge de la Loi ?

Oui, Frêche a le droit de dire ce qu’il pense sur les Harkis, Fabius, etc. La réaction intelligente aurait été de lui opposer un débat, au lieu de crier haro sur le baudet.

Que nous soyons d’accord ou pas, nous perdons en n’écoutant pas les gens. Généralement, les tenants de la ligne Sieyès donnent rarement une réponse claire à cette question fondamentale : encadrer la liberté d’expression, interdire certains propos, soit, mais à partir de quels critères et quoi ? Quels motifs invoque-t-on ? Au regard ce qui se passe en France, ces derniers temps, ce serait la nocivité du discours et le caractère odieux des propos ? Jean Bricmont et Noam Chomski apportent des réponses des plus éclairantes à ces questions. Il est temps de les lire et les relire.

> Article initialement publié sur l’ndividu Incertain

> Illustrations par yoshiffles par Walt Jabsco et par  [nati]

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Libérons les bureaux de votes ! http://owni.fr/2010/03/04/liberons-les-bureaux-de-votes/ http://owni.fr/2010/03/04/liberons-les-bureaux-de-votes/#comments Thu, 04 Mar 2010 11:31:48 +0000 Regards Citoyens http://owni.fr/?p=9397 468379788_d62d4b31f9_o

Le sésame pour aller voter

Il est très difficile de connaître l’emplacement de tous les bureaux de vote. Nous nous en sommes aperçus lors de notre travail sur l’étude du redécoupage électoral. Le ministère de l’intérieur ne centralise pas ces données. Il s’agit pourtant d’informations nécessaires à notre travail citoyen. Le seul moyen de les obtenir : contacter les 36 000 mairies ou les 100 préfectures départementales. Nous avions donc décroché nos téléphones, et contacté une quarantaine de villes et préfectures pour obtenir les adresses des 1 400 bureaux de vote impliqués dans le redécoupage.

Une fois le bon interlocuteur identifié, le défi consiste à obtenir le document recensant les adresses des différents bureaux de vote. De la liste manuscrite dictée par téléphone au document scanné de travers, les cas de figure sont nombreux ! Et il faut ensuite tirer des documents ainsi obtenus les données utiles dans un format structuré : extraire les adresses et les identifiants, positionner les adresses sur une carte, et associer les bureaux de vote aux résultats électoraux.

En parlant de ce travail, nous avons découvert que des acteurs comme 22mars, La Netscouade ou BureauDeVote.fr rencontraient les mêmes problèmes. Parmi eux, Nicolas Kayser-Bril de 22mars avait déjà contacté toutes les préfectures. Plutôt que de travailler chacun seul dans son coin, nous avons décidé d’unir nos forces pour reconstituer ces informations qui devraient être accessible à tous.

Grâce au travail de NKB de 22mars, 88% des documents ont été réunis. Seules quelques préfectures ne nous ont toujours pas fait parvenir les documents définissant leurs bureaux de vote, et la poursuite des efforts de chacun finira certainement par payer.

Mais le travail n’est pas fini ! Il reste désormais à convertir l’ensemble de ces documents en données exploitables. Là encore nous tentons d’innover : reconnaissance de texte OCR, conversion automatique de PDF, conversion de tableurs, … Parfois avec succès, souvent beaucoup plus difficilement. La dernière expérience en date est une application de crowdsourcing permettant de faciliter et décentraliser la partie manuelle du travail. Grâce à cette plateforme participative, quiconque ayant ne serait-ce que 5 minutes pour nous aider peut participer à libérer ces informations.

Parce que nous estimons que l’accès à ces données est essentiel au bon fonctionnement de la démocratie et qu’elles devraient appartenir à tous les citoyens, nous avons décidé d’ouvrir également une plateforme de partage afin que chacun puisse s’approprier au fur et à mesure de notre avancement les documents et les données produits jusqu’à présent. N’hésitez donc pas à participer vous aussi à cette aventure ! Appelez les préfectures récalcitrantes ; téléchargez nos données et les documents préfectoraux, corrigez et complétez les ; participez à la transcription communautaire grace à l’interface de crowdsourcing ! Toutes les contributions sont les bienvenues pour illustrer les usages innovants qui peuvent émerger de données aussi centrales à notre démocratie.

Rendez-vous donc très vite sur http://elections.regardscitoyens.org/ !

» Article initialement publié sur Regards Citoyens

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