OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Un label qui tient le shock ! http://owni.fr/2011/06/09/ekleroshock-label-musique/ http://owni.fr/2011/06/09/ekleroshock-label-musique/#comments Thu, 09 Jun 2011 14:49:48 +0000 Lara Beswick http://owni.fr/?p=32158 Nous avions déjà eu l’occasion d’interviewer Matthieu Gazier en tant que représentant français de Mobile Roadie. Aujourd’hui, c’est en tant que fondateur du très bon label Ekler’O’shock que nous lui proposons de s’exprimer. Bosseur passionné, Matthieu a plus d’une corde à son arc et sait intelligemment les combiner afin d’atteindre ses objectifs. C’est à l’occasion d’une exposition organisée pour fêter les 9 ans du label à la galerie La Tour que nous décidons d’en savoir plus sur l’homme à l’origine d’Ekler’O’shock, mais pas seulement… Le roster du label est majoritairement constitué d’artistes électro mais attention, ici, le terme prend une tout autre couleur…

Nous avons questionné Matthieu sur ses intentions, motivations, ainsi que sa vision de l’avenir de l’industrie de la musique. Bref, il nous livre quelques insights de la part d’un professionnel dont les projets de qualité prennent forme.

Afin qu’il ne soit pas le seul à parler de son travail, nous avons invité à Sophie Paumelle, co-fondatrice de l’agence Laps, un atelier de création de à nous parler du label.

EOS.MMX – The Summer Solstice Edition One by EKLER’O'SHOCK/EOS RECORDS

Interview Matthieu Gazier

Pourrais-tu nous décrire ton parcours en quelques lignes ?

1996-1998. J’organise mes premières soirées pendant mes années de lycée à Carnot à Paris avec mon ami Sacha Sieff. Lui joue du hip-hop US, du funk, du rap français, moi de l’electro, de la techno, de l’acid. Ce sont les années où l’on écoute Oxmo Puccino, NTM, Cypress Hill, le Wu Tang, mais aussi Daft Punk, Luke Vibert, les émissions spéciales de radio FG le soir.. J’achète mes premiers disques, je découvre les raves, je passe mon BAC.

1999-2003. Je rentre en école de commerce à l’ESSCA, commence à faire des stages pour Sony, l’agence de promotion Ping Pong, la web agency Supergazol. Parallèlement à ça, je monte une association Hip-Hop qui s’appelle “Boombass” au sein de mon école. L’année suivante, je passe à la vitesse supérieure en montant ma propre association pour lancer un label juste après un séjour de 6 mois à Montréal ou je rencontre la branche nord américaine du label Ninja Tune. A l’époque, à part quelques contacts en radio et chez des djs, je ne connais quasiment rien de la gestion d’un label. J’achète quelques bouquins de l’IRMA, et je me lance avec une première signature repérée sur le forum / site Elektrolink.

2003-2007. Parallèlement à mon poste de content manager France pour Musiwave, le premier distributeur de musique mobile, je continue à développer le label. Je signe Data, Danger, Sacha Di Manolo, Léonard de Léonard.

2007. Je m’associe avec Elegangz et développe les activités du label: plus d’événementiel, de collaborations avec des marques et d’autres artistes.

2009. Je monte deux sociétés, l’une pour les activités de production et de conseil, l’autre d’édition. Danger est notre première signature en co-édition avec Universal. Diverses missions de conseil pour MXP4 et Elegangz notamment.

2010. On signe Paris.

2011. On signe Limousine et Maxence Cyrin. Je poursuis mes activités de conseil en nouvelles technologies, toujours étroitement en lien avec la musique, en prenant la représentation en France de Mobile Roadie. Le label fête ses 9 ans et sort une compilation et organise une exposition à l’occasion.

Matthieu, nous t’avons déjà interviewé auparavant mais en tant que représentant français de Mobile Roadie. Alors, Michael Schneider avait fait la déclaration suivante : “Music is a commodity”. Aujourd’hui, en tant que fondateur d’Ekler’O’shock, comment réagis-tu à cette déclaration ?

Je comprends ce que veut dire Michael Schneider quand il dit ça, car il souhaite montrer que c’est l’environnement et l’expérience que tu vas créer autour d’un artiste qui fait sa valeur ajoutée aujourd’hui, pas simplement son single ou son album.

Il sait très bien de quoi il parle, comment optimiser l’activation d’une base de fans, comment créer une relation nouvelle entre un artiste et son public. En revanche, la musique doit rester l’élément moteur et premier pour moi, donc le métier de producteur reste toujours aussi fondamental aujourd’hui.

Tu nous avais aussi mentionné la différence entre les artistes français et les artistes anglo saxons qui prennent plus facilement en main leur communication via les réseaux sociaux. Comment arrives-tu à expliquer à tes artistes l’importance d’être présent et de s’impliquer dans l’animation de leurs comptes sociaux ?

Je pensais plus aux majors à l’époque en te répondant, je pense que les artistes de mon label comme ceux de nombreux petits labels indépendants s’en sortent particulièrement bien. La communication sur les réseaux sociaux se fait très naturellement chez eux, beaucoup de mes artistes sont autonomes et actifs sur Facebook, Twitter, ou MySpace (à l’époque..). Notre job à nous, label, consiste à créer là aussi un environnement fort sur ces réseaux, en proposant de l’achat de musique, de merchandising, des opérations spéciales, du contenu vidéo, des applications, etc.

Ces temps-ci, nous couvrons plus de fermetures de labels que “d’anniversaires”, pourrais-tu nous donner quelques secrets pour survivre ?

Le modèle d’Ekler’o’shock est de pouvoir produire la musique des artistes, de la faire vivre et la promouvoir le mieux possible.
Pour autant, ni moi ni mes artistes ou mes associés ne vivons économiquement d’Ekler’o’shock en tant que personnes à 100%.
Le label n’est donc pas un “employeur” au sens que peut l’être une entreprise. Nous sommes en effet plus proches du modèle de la coopérative que de la PME ou de la boite de prod finalement.

Je ne me paie pas de salaire, j’ai minimisé mes charges grâce à l’association que j’ai avec une agence qui m’héberge, on contrôle nos dépenses, et je privilégie un mode de fonctionnement artisanal qui me plait assez.

Data et Danger s’en sortent très bien et on peut dire qu’ils vivent de la musique, mais ce sont leurs prestations live qui sont vraiment rémunératrices pour eux, pas leurs disques.

Enfin, on bosse énormément la synchronisation publicitaire, les relations avec des marques pour des projets spéciaux, et puis Ekler’o’shock propose des missions de conseil à divers acteurs. Polydor, Naïve ou Franklin & Marshall font partie des clients avec qui nous avons récemment travaillé sur le conseil, Citroën, Nissan ou encore Agnès B ou Wrangler sur des opérations de synchro ou de partenariats avec nos artistes.

Selon toi, quelles sont les tendances à suivre dans l’industrie musicale ces prochaines années ?

D’un point de vue business, je serais assez concis :

  • les nouvelles offres d’abonnement (mobile, web, telephone fixe et TV + téléchargement de musique / films illimité) étendues à tous avec du dual delivery systématique ordi/mobile,
  • le stockage en ligne de musique, le fameux “cloud”
  • à terme, la licence légale
  • une amélioration de la qualité sonore des morceaux proposés en téléchargement,
  • et aussi une certaine résurgence du disque vinyle et d’une bonne presse papier.

Musicalement, j’espère continuer à voir le niveau de la production progresser, et découvrir chaque jour de nouvelles perles. C’est le cas en ce moment et c’est très agréable. La dance music heureusement, c’est aussi une musique qui peut être raffinée, poétique et sincère, pas telle qu’on la diffuse sur M6 ou Fun Radio. J’espère qu’après les succès internationaux des Daft Punk, Air, Mirwaïs, Justice puis Guetta aujourd’hui, le spectre va continuer à s’élargir pour laisser de la place à tous les courants de la musique électronique sur des réseaux commerciaux puissants. Que des artistes français déjà très reconnus en electro comme Ivan Smagghe, Joakim, Arnaud Rebotini, Cosmo Vitelli, Nôze ou Pilooski infiltrent la musique mainstream et lui redonnent une once de sophistication et d’authenticité.

Je suis pour l’entrisme musical, quitte à ce que ce soit agressif, et ce aussi bien dans la pop mainstream que dans la réalisation de B.O de films.

J’espère aussi sincèrement que des radios comme NRJ ou FUN vont perdre un peu de leur hégémonie sur le paysage audiovisuel français, que la jeunesse va reprendre goût à la contestation en musique, à créer ses propres médias, ses réseaux, et pas suivre bêtement MTV et NRJ. Je comprends le métier de ces gens là, et je le respecte, simplement j’ose espérer que subsistera toujours chez les jeunes un souffle de contestation.

Nous apprécions chez OWNImusic la façon dont vous soignez la qualité musicale et esthétique de vos projets. C’est un aspect qui a généralement été abandonnée par les labels qui favorisent des productions éphémères au potentiel financier immédiat. Cette démarche qualitative requiert un certain investissement et j’imagine que si vous l’adoptez chez Ekler’O’shock, c’est que le retour sur investissement est correct. Comment en persuaderais-tu tes homologues ?

C’est une volonté vraiment personnelle qui n’a rien à voir avec une question économique de retour ou pas sur investissement.
Je me dis simplement qu’on se doit de rendre nos objets beaux, attirants, uniques, surtout à cette époque. Il y a aussi dans un label, comme dans toute entreprise, une “démarche” qualité à suivre. Avec le temps, on essaie de s’améliorer, de se bonifier avec l’âge.

Vous avez organisé une exposition à la galerie La Tour à l’occasion de la sortie de votre nouvelle compile ? Quel est l’intérêt pour un label de s’engager dans une telle démarche ?

J’avais l’envie de nous exposer médiatiquement hors du simple cadre de la musique. Que des gens comprennent ce qu’est un label, en quoi ça consiste, et aussi de montrer qui nous sommes.

On a rédigé un communiqué pour l’occasion, qui explique notre démarche depuis nos débuts en 2002. Beaucoup de gens ne nous connaissent que par un ou deux artistes, la partie la plus visible du label. On avait envie de leur faire découvrir tout le reste. Enfin, c’est aussi un moment fort pour saluer tous les gens qui ont travaillé avec nous de près et de loin. Et ils sont nombreux.

“Nous voulons notre futur ambitieux, musicalement et esthétiquement.” A quel grand changement devons-nous nous attendre avec votre “passage à l’âge adulte” marqué par la sortie de la compilation EOS MMX ?

En premier lieu, nous allons nous consacrer à la production de formats longs avec des nouveaux albums pour Limousine, Maxence Cyrin, Alexandre Chatelard, Data, Danger et Paris. Ensuite, nous sommes progressivement en train de mettre un pied dans le cinéma, le documentaire, la fiction, avec des compositions originales.

J’ai vraiment envie de de développer un catalogue éditorial qui soit encore pertinent dans 10 ans, pas simplement de la club music ou du rock du moment. Enfin, je m’engage à ce que malgré ce passage à l’âge adulte, personne de nous enlève notre fougue et notre passion. Ca fait partie de notre quotidien, et c’est très bien comme ça.

Interview Sophie Paumelle (Laps)

Sophie Paummel a fondé Laps avec Amélie Lengrand en 2007 après avoir effectué leurs premier projet ensemble au café chéri. Sophie Paumelle est photographe et chef de projet pour l’artiste JR. Amélie Lengrand est artiste peintre, architecte de formation.

Quand Matthieu a parlé de monter cette expo, l’équipe de Laps, proche de l’équipe d’Ekler’O’shock est dispo et veux soutenir la démarche de Matthieu. Elles se sont occupées de la scénographie de l’expo.

Les particularités d’Ekler’O’shock ?

Eclectique : je trouve que tous les artistes représentés sont différents tout en ayant une certaine unité. On sent que c’est un label où les gens se connaissent, les artistes sont assez solidaires.

Avant – gardiste : Il a commencé il y a pratiquement dix ans, ce n’était pas forcément un style qui était en place.

“Passage à l’âge adulte” ça veut dire quoi selon toi ?

Ça veut dire qu’il est plus en place qu’avant, plus professionnel, plus fini dans un style qu’il paufine un peu. Par exemple, je sais que Paris sont chez Ekler’O’shock depuis peu, peut-être qu’il veut se diriger vers un style plus précis.

Quoiqu’il arrive, monter un label avec des musiciens, ça reste mystique parce qu’il y a des choses que tu ne peux pas prévoir.

Tes artistes préférés chez Ekler’O’shock ?

J’aime bien Paris, Alexandre Chatelart (mélo, décalé, avec un vrai style) et puis Xerak forcément. C’est quelqu’un que j’aime beaucoup, il se met vraiment en scène, c’est de la performance pour le coup.

Que pourrais-tu nous dire sur Matthieu ?

C’est quelqu’un de fiable, de sérieux, qui bosse dur sur son projet. Il le porte bien parce que c’est le sien et il soigne tous ses artistes.

Qu’as-tu pensé de l’expo ?

Un peu court, c’est une démarche qu’il faut faire une deuxième fois pour faire toujours mieux. Je trouve qu’il manquait une mise en scène qui mène les gens vers la musique. Quelque chose pour comprendre que c’est un label et je serais ravi de le faire la prochaine fois ;)

Suivez Ekler’O’shock sur : site

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Oeuvres photographiées (sucettes et logo en pâte fimo) : Alexandra Bruel

Crédits photos tous droits réservés : Julien Paumelle

Interview réalisée par Lara Beswick

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Découvrez Cannibal by Sacha Di Manolo http://owni.fr/2011/03/07/decouvrez-cannibal-by-sacha-di-manolo/ http://owni.fr/2011/03/07/decouvrez-cannibal-by-sacha-di-manolo/#comments Mon, 07 Mar 2011 17:08:07 +0000 Lara Beswick http://owni.fr/?p=30751 Sasha Di Manolo passe son temps à la recherche de sonorités plus ou moins étranges. Nous le rencontrons dans un café, et en arrivant, il nous raconte les discussions qu’il a entendues à droite à gauche. Nous avons vite abordé sa passion pour les vinyles, qu’il collectionne de façon frénétique. Il passe son temps à la recherche de sons, sait en apprécier les qualités de façon précise afin d’en extraire le nectar et produire le sien. Sacha ne se prend pas au sérieux et réussit à vivre de ses productions. Il sait dire quelle sortie plaira à quel public et n’a pas peur du commerce de ses fruits.

Il n’aime pas, comme la majorité des artistes, qu’on le classe, (“ça m’déprime”) et c’est vrai que son genre qu’il dit lui-même être du hip hop, ressemble pour nous plus à du trip-hop mais ce terme lui fait penser à de la musique d’ascenseur, pareil pour le lounge ou l’electro, qui sont des style à forte connotation dans lesquels il ne se reconnaît pas. Il fait de la musique soyeuse qui n’a pourtant pas pour intention de se fondre dans le paysage. Il s’inspire de tout et de rien, à l’instar de l’art contemporain, ses titres ne se veulent pas emplis de sens mais sont bien des titres qui dérangent. Ce ne sont pas forcément des pensées intellectuelles mais sont plutôt le reflet de ses expériences qui ont parfois du sens et qui parfois ne sont que des imprimés de sensations. A force de parler genre, il nous avoue avoir une profonde addiction pour l’absurde. Si l’absurde n’est pas un genre, il n’en reste pas moins une direction ou en tous cas, celle qui drive notre homme et cela peut expliquer bien des choses dans son oeuvre parfois mystique.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Sacha s’inspire de toute forme musicale ? En fait, non, il a clairement un penchant pour les bizarreries électroniques des années cinquante et soixante, il utilise comme sources pour son travail les musiques traditionnelles, s’inspire d’une folk aux limites de la justesse, des grooves à la brésilienne en passant par les lamentations argentines, de la basse et l’intensité de la black music, le dansant, la musique au mètre, le faux, le velours…

Cannibal, c’est sa deuxième collaboration avec Ekler’O’shock, un label fondé par Matthieu Gazier (aussi responsable de Mobile Roadie France). Le premier, c’était le 45 tours Ride On. Malgré son amour pour le vinyle, on s’étonne de constater qu’il ne distribue cet EP qu’en digital. Le format physique est en fait réservé à la sortie d’un album, d’une douzaine de titres, dont certains sont déjà présents sur l’EP.

Sacha Di Manolo, du vrai nom de Sacha Sieff est Parisien, de père et de mère photographes dont Sonia Sieff, la soeur du personnage qui nous inspire aujourd’hui, attirée par l’image a suivi les traces de ses parents. Comme souvent dans les familles d’artistes, il existe un vilain petit canard. Lui, a délaissé le piano et la pellicule et s’essaie d’abord au scratch, au collage, au remixage. Il finit par se procurer un synthé, commence à “chanter” pour arriver à la production et à la composition.

Sacha Di Manolo, musique et images

Son statut, c’est donc compositeur, il fait de la musique pour des films, des pubs et utilise peu de samples pour ses activités “commerciales” pour la simple et bonne raison que c’est administrativement trop compliqué. La licence de samples, c’est infernal !

Des fois, clearer, ça veut juste dire perde du temps. Tu rentres dans un process juridique qui est long et chiant. Moi, je rêverais de pouvoir clearer quelques choses, faire des projets en faisant les choses bien, mais il y a pleins d’éditeurs protecteurs qui ne font pas leur boulot, qui son des grands-pères avec leurs catalogues d’éditions.

Il fait donc tout tout seul et ça marche bien. Il travaille régulièrement, compose pour la synchro et sort ses projets plus personnels avec Ekler’O’Shock.
Sans doute sa particulière appréciation des différences sonores lui permet-elle d’être efficace dans la fabrication d’identité sonores, subtiles, discrètes mais efficaces pour Hermes, YSL, Citroën, les compilations de Béatrice Ardisson pour qui il reprend Let’s Spend The Night Together des Rolling Stones ou encore Heroes de David Bowie avec Mark Kerr.

Puriste du son

Il fait partie de la génération qui ne comprend pas les “digital natives”, pire ça l’effraie. Même s’il fut le premier à utiliser Napster et megaupload à outrance afin de découvrir de la musique. Sa plateforme préférée : Soundcloud. “C’est une plateforme pour les puristes, il n’y a pas le blabla qu’on trouve sur Myspace”. Par contre, lui, il achète, c’est un gros consommateur de physique.

(A force d’interviews on commence à se demander finalement si les artistes eux-même ne sont pas les plus grand consommateurs de musique et par conséquent, l’une des solutions pour cette industrie en crise ne se trouverait-elle pas dans l’éducation des publics par l’apprentissage de la musique? Créer des artistes qui consomment de la musique.)

Il comprend le fait de télécharger mais lui, ce qu’il ne comprend pas c’est de ne pas donner la possibilité aux gens d’écouter du son de qualité et que les gens n’aient pas la curiosité de les chercher. Offrir un MP3 au même prix qu’un .Wav, c’est pour lui la plus grosse boulette de l’industrie en plus des autres qu’ils accumulent.

L’industrie elle réagit en retard à chaque coup, elle avance tout doucement. Elle fait sa victime. C’est devenu un peu sclérosé, les gens ne prennent plus de risques, ils ont peur. C’est un peu hypocrite de la part des maisons de disques de dire qu’on peut plus investir. Même si le disque ne constitue plus le principal de leurs revenus, ils trouvent d’autres moyens de combler les pertes. Il reste encore pleins de très bons labels qui ont le courage d’investir mais les majors en général pour moi ce sont vraiment des espèces de dinosaures, des escargots… Ils s’y sont vraiment mal pris avec le téléchargement. Qu’ils mettent les albums accessibles à 10€ sur Itunes store, il y a pleins de gens qui trouvent ça génial, moi je trouve ça lamentable. Soit tu achètes l’album à 10€ à un format correct ou au moins, on te laisses le choix. Moi je mettrai les album en MP3 à 5€, en tout cas deux fois moins cher et la possibilité d’obtenir un format de bonne qualité type Wav.

Faire de la musique intègre et la vendre à des marques n’est pas contradictoire

Nous lui demandons si le fait de considérer la musique comme un produit d’appel est une notion qui le dérange. C’est à dire utiliser la musique pour vendre d’autres choses.

“ Moi, ça a toujours été un peu mon cas. Vu que ce n’est pas pour l’instant mes “concerts” qui me font gagner de l’argent, moi, c’est la synchro. J’ai toujours vécu la musique de cette manière. Je ne trouve pas ça dégradant puisque parfois, mes morceaux de projets solo, ce sont ceux-là qu’on va me demander pour de la pub alors qu’ils n’ont pas été crées pour ça et dans ce cas là, c’est génial, parce que je fais de la musique que j’aime et on va me les demander pour en faire une utilisation commerciale.”

Tu ne trouve donc pas ça dégradant qu’on considère ton art comme un produit utilitaire?

C’est très prétentieux d’être scandalisé par cette idée. Tu peux faire de la musique intègre et la vendre à des marques un peu à la con.

“Je trouve pas ça du tout scandaleux. Je pense à Gainsbourg qui disait qu’il préfère une mec qui écrit quelque chose d’un peu cheesy, pas très profond qu’un faux mec qui va faire de la musique engagée de chez engagé mais mauvaise.
La musique c’est pas que du premier degrés, c’est pas que un truc torturé et intellectuel. Ca peut l’être mais moi quand j’écris des morceaux en anglais, je ne suis pas un grand poète anglais, ou un cerveau, je ne maîtrise pas cette langue de manière poétique et j’en ai rien à foutre.”

“J’écris des morceaux en anglais, c’est facile et c’est pas pour ça que c’est pas intègre. C’est juste que ça n’a pas vocation à ce qu’on y perçoive un sens, une référence à Orson Wells ou je sais quoi. Je pense qu’il faut arrêter avec cette hypocrisie. Mieux vaut faire de la bonne pop que de la mauvaise chanson intègre. Pourtant, j’aime profondément la musique. Mais la pub n’a rien à voir avec mon intégrité.”

Faites un tour sur l’excellent blog de Sacha

Crédits photos tous droits réservés : Frédéric P. Méry, Sonia Sieff

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