OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les data en forme http://owni.fr/2012/06/26/les-data-en-forme-8/ http://owni.fr/2012/06/26/les-data-en-forme-8/#comments Tue, 26 Jun 2012 09:19:22 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=114421 Owni vous aide à trouver quels vêtements porter, vous explique ce que révèle sociologiquement votre choix des aliments, vous rend diplomatique sur Twitter et vous propulse dans les Jeux Olympiques. ]]> Commençons ce nouvel épisode des Data en forme de manière diplomate. L’AFP a lancé la semaine dernière sa nouvelle application interactive intitulée “The e-diplomacy hub – Twitter et politique étrangère : la démocratie numérique en action”. Le contenu est extrêmement riche mais relativement complexe. L’application, comme son sujet, mérite de s’y plonger plus que quelques secondes pour en tirer tout le potentiel.

Les acteurs publics de la diplomatie sont le point de départ de cette application. L’équipe éditoriale de l’AFP s’est en effet attachée à sélectionner plus de 4 000 comptes twitter (personnalités et/ou organisations) qui, selon elle, composent une forme de diplomatie numérique. Des chefs d’Etat bien sûr, des diplomates, des ministres mais aussi des lobbyistes, des experts, des activistes ou des hackers. Par exemple, pour la France, on trouve aussi bien le compte de François Hollande, Nicolas Sarkozy, Greenpeace, Dominique de Villepin que celui de notre Jean-Marc Manach.

L’algorithme conçu par l’AFP, prend en compte les tweets, le nombre de followers, le pourcentage de retweets, le niveau d’interaction et des ratios entre ces indices, afin de classer ces comptes en fonction de leur influence.

Pour étudier les relations entre ces acteurs, ces Etats, la signification et l’impact en termes de politique étrangère, l’application propose plusieurs portes d’entrées :

  • Le mode“Carte” permet de visualiser les relations numériques et diplomatiques entre deux Etats de votre choix, ainsi que de consulter les hashtags les plus utilisés. Cette fonctionnalité est un peu difficile à appréhender : lorsque l’on sélectionne deux pays, puis que l’on clique sur le pictogramme de l’un des deux, ce sont les échanges twitter du pays avec l’ensemble des autres pays qui s’affichent, et non pas uniquement avec l’autre pays sélectionné.
  • Les entrées “Acteurs” et “Etats” affichent le classement d’influence. Il est possible d’activer des filtres, et de comparer l’évolution de l’influence pour les comptes sélectionnés.
  • La partie “Actu chaude” est peut être la plus simple et la plus efficace : sélectionnez un hashtag parmi ceux qui sont les plus utilisés, puis choisissez jusqu’à trois pays pour voir ce que les acteurs de ces pays ont à dire sur ces hashtags en particulier. Le test sur #Syria pour la France, les Etats-Unis et l’Ethiopie est à ce titre particulièrement révélateur.
  • La section “Liens” propose de voir quelles sont les personnes qui suivent ou qui sont suivies par un compte en particulier.
  • Enfin la partie “Conflits”met en exergue certains conflits qui s’exercent particulièrement sur Twitter.
  • Pas étonnant donc que cette application soit complexe : elle cartographie pour la première fois un nouvel éco-système, celui de la diplomatie numérique, et met les données récoltées à disposition. C’est un bel outil : les classements d’influence seront mis à jour toutes les heures, tout comme les hashtags les plus utilisés. L’AFP précise également qu’elle annoncera à la fin de chaque année le classement des 100 Etats et personnalités les plus influentes de la “e-diplomatie”.

    Si certains aspects ou fonctionnalités restent obscurs, il faut surtout voir cette application comme une ressource, utilisable dans le temps. Le concept et la réalisation méritent en tout cas un coup de chapeau (notamment à nos anciens camarades Pierre Romera de Journalism++ et Elsa Secco).

    Vague rose au choix

    Après les élections législatives ayant marqué la victoire de la Gauche, un sujet a largement inspiré les médias : la “mainmise” du Parti socialiste sur l’ensemble des lieux décisionnels : Présidence, Régions, Départements, Sénat, Assemblée Nationale. Trois visualisations ont ainsi été produites, sur la même thématique, mais selon des techniques différentes.

    L’infographie “La Gauche détient les lieux de pouvoir” du Monde, est esthétiquement très parlante, grâce à sa conception en forme d’escargot qui permet de visualiser l’ensemble du message d’un seul coup d’oeil. Cependant, on aurait bien aimé qu’elle soit effectivement un “visuel interactif” comme le précise le sur-titre, et non une infographie fixe.

    La frise chronologique du Figaro, “La répartition des pouvoirs sous la Vème République” a un mode de navigation plus fluide et fonctionne également bien graphiquement. On peut cependant lui reprocher un manque de délimitation claire entre les différents pouvoirs.

    Enfin, le “Bienvenue dans la France rose” de Rue89 utilise un mode de visualisation fort pour montrer le poids du parti socialiste puisque tout les élus y sont représentés par une silhouette, associée à la couleur de leur parti. Cependant, la taille et l’effet de masse nuisent un peu à la qualité de l’infographie.

    Sur le sujet des élections législatives, mais un peu plus loin en Europe, celle réalisée par Igraphics, site monté par des journalistes et des designers d’informations grecs, est très réussie. Sans extravagance, elle rassemble sur une seule page les différentes données du scrutin : cartographie des résultats, couleur de la nouvelle assemblée, pourcentage des votes, etc. Pas si fréquent.

    Les JO de la data

    2012, année politique. Année sportive aussi : après Roland-Garros et l’Euro de football, bientôt le Tour de France et les Jeux Olympiques. Des évenements propices à une retranscription en data visualisation : Visualizing.org, communauté de designers, développeurs, journalistes créée et animée par General Electrics, lance même un concours à cette occasion. Ouvert jusqu’au 27 juillet, il récompensera les meilleures dataviz sur les Jeux Olympiques répondant aux critères de compréhension (10 points), originalité (5 points) et style (5 points).

    Pour les futurs participants, voici quelques sources d’inspiration sur le sujet : le “Medal Count” du New York Times, d’autant plus impressionnant qu’il date de 2008 ; ou la visualisation sur les revenus générés par les Jeux Olympiques pour la chaîne NBC depuis 1984, proposée par Nicolas Rapp.

    Bourdieu, data journaliste

    Cette réalisation est plutôt anecdotique mais révèle tout de même à quel point les données sont partout, depuis longtemps et comment les techniques d’aujourd’hui permettent de les renouveler facilement.

    Dans son ouvrage La distinction : critique sociale du jugement publié en 1979, le sociologue Pierre Bourdieu publie un graphique à quatre axes représentant les choix des aliments et la façon de se nourrir en fonction de la dotation en capital économique et en capital culturel, ainsi que selon le temps libre et le statut de la femme.

    Molly Watson, du site Gastronomia, a redessiné ce graphique, en y ôtant certains éléments (la question du temps libre et du statut des femmes) et en y ajoutant des aliments ou comportements typiques du 21ème siècle (“DIY”, “macchiato”, “aliments micro-ondables”). Molly Watson ne met pas derrière ce dessin d’autre ambition que celle de s’amuser, en ouvrant la discussion “ce graphique est un début. Qu’y inclureriez-vous ?”. Mais le résultat est sympathique et ouvre de nouvelles perspectives entre data et sociologie.

    La data pour ton placard

    Difficile, le matin, de choisir commet s’habiller ? Savoir quelle couleur il faut porter, celles qui sont passées de mode ? La marque Pimkie, dans un engagement complètement désintéressé, a monté un projet pour vous y aider. “Pimkie Color Forecast” a placé des caméras repérant les couleurs majoritairement portées dans les rues de trois capitales de la mode : Paris, Milan et Anvers. De cette observation, ils en tirent une série de données visualisées sous forme de jolis camemberts et histogrammes, qui permettent ensuite à Pimkie de vous conseiller sur la couleur à porter. Pour info : à Paris, aujourd’hui, c’est le coquelicot.

    Scrollez le Sommet de Rio

    Du 20 au 22 juin se tenait le Sommet de Rio, Conférence des Nations Unies sur le développement durable, vingt ans après la dernière édition. Les critiques liées à l’organisation ou l’implication des lobbies industriels ont davantage fait la Une que les accords et engagements qui en sont ressortis. Le Sommet de Rio aura cependant été pour le ministère des Affaires Etrangères et la Netscouade l’occasion de produire une belle application interactive, racontant, de 1972 à 2012, l’Odyssée du développement durable. Scrollez, cliquez, naviguez, c’est joli et c’est très instructif.

    Bonne data-semaine à tous !


    Retrouvez tous les épisodes des Data en forme !

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    Joly flambe sur l’électricité http://owni.fr/2012/04/10/joly-flambe-sur-lelectricite/ http://owni.fr/2012/04/10/joly-flambe-sur-lelectricite/#comments Tue, 10 Apr 2012 16:55:03 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=105342 OWNI-I>Télé.]]>

    L’écart est désormais plus que serré au pied du classement quotidien du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des six principaux candidats à la présidentielle. Seuls 0,5 petits points séparent Nicolas Sarkozy (43,9 % de taux de crédibilité) de la lanterne rouge Marine Le Pen (43,4 %) alors que Jean-Luc Mélenchon conserve sa première place à 61,6 %.

    Au cours des dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 62 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

    Joly s’électrise

    Invitée de Bruce Toussaint sur Europe 1 le 9 avril, la candidate d’Europe-Écologie Les Verts a tenté de préciser les tarifs de l’électricité :

    Le mégawatt heure c’est autour de 60 euros en temps normal.

    Malheureusement pour Eva Joly, l’Observatoire des marchés de gaz et de l’électricité de la Commission de régulation de l’énergie ne comptabilise pas les tarifs “normaux” ; uniquement les tarifs de base et les tarifs de pointe qui s’établissaient respectivement, au dernier trimestre 2011, à 51 et 62 euros.

    L’expression “en temps normal” évoquerait davantage le tarif de base, cependant, le chiffre mentionné par Eva Joly est très proche du tarif de pointe. Ses propos peuvent donc être jugés imprécis.

    Au cours de la même interview, Eva Joly évoque également un tarif exceptionnel :

    Nous nous avons acheté de l’énergie, en février, le 9 février, à 1 700 euros le MW/h.

    Au cours du mois de février, la vague de froid sévissant en France a en effet entraîné une hausse importante du prix du mégawatt heure. Le prix du mégawatt heure a atteint une moyenne de 370 euros sur la deuxième semaine de février avec un record à 1 938 euros le jour évoqué par la candidate.

    Eva Joly est donc correcte… sur la date, mais non sur le chiffre, qui s’éloigne de 12 % du prix effectivement payé pour un mégawatt heure le 9 février dernier.

    L’Europe amoindrie de Nicolas Sarkozy

    Lors de sa conférence de presse de présentation de programme, le 5 avril dernier, le président-candidat a notamment insisté sur un supposé record français :

    La France est le seul pays occidental à n’avoir connu aucun trimestre de récession – le seul -, depuis le deuxième trimestre 2009. Aucun, absolument aucun.

    Concernant l’absence de récession, les propos de Nicolas Sarkozy sont justes. Tout juste mais justes : depuis le second trimestre de 2009, la France oscille entre 0 % (second trimestre 2011) et 0,9 % de croissance, pour une moyenne de 0,34 % sur cette période. Par contre, elle est loin d’être la seule des pays européens à tenir ce record. La Suisse et la Pologne ont réalisé une performance similaire, avec des taux de croissance globalement bien meilleurs : 0,52 et 0,98 %.

    François Hollande oublie les gendarmes

    A plusieurs reprises, François Hollande a évoqué les coupes dans les effectifs des forces de l’ordre durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Il affirme ainsi à Bondy le 26 mars :

    Il y a eu 12 000 suppressions de postes de policiers depuis 5 ans.

    A Boulogne-sur-Mer, le lendemain, 27 mars, il conserve son estimation, mais en y ajoutant les gendarmes :

    Il y a eu 12 000 postes de policiers et de gendarmes qui ont été supprimés.

    Et reformule exactement la même estimation, sous la forme interrogative, à Mont-de-Marsan, le 29 :

    Qui a supprimé 12 000 postes de policiers ou de gendarmes depuis 2007 ?

    Une récente correction bien inspirée. En effet, le projet de loi de finances 2012 (chapitre Sécurité) rapporté au Sénat fait le point sur les effectifs de la police nationale et de la gendarmerie : nombre de postes ETP (équivalents temps plein) ouverts pour 2012 et nombre de postes supprimés sur les dernières années. Ainsi, entre 2008 et 2012, 6 838 ETP de policiers ont été supprimés contre 5 504 en gendarmerie, soit un total de 12 342.

    Quand François Hollande évoque “policiers et gendarmes” comme à Boulogne-sur-Mer et Mont-de-Marsan, ses propos sont effectivement corrects. Par contre, quand il oublie les gendarmes comme à Bondy son évaluation est surestimée de près de la moitié.


    Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
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    Bayrou moyen dans l’urgence http://owni.fr/2012/04/06/bayrou-moyen-dans-lurgence/ http://owni.fr/2012/04/06/bayrou-moyen-dans-lurgence/#comments Fri, 06 Apr 2012 15:44:48 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=105170 OWNI-i>Télé, où il reste à presque 15 points d'écart du premier, Jean-Luc Mélenchon.]]>

    Les lignes évoluent, discrètement mais sûrement, dans le classement quotidien du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des six principaux candidats à la présidentielle. Jean-Luc Mélenchon, en tête depuis plusieurs semaines, perd 0,5 point suite à la publication de son interview sur France Info où il réalise un score moyen (43 %). François Hollande chute encore davantage que son concurrent de gauche, avec 1,1 point. Dans le bas du classement, l’écart se resserre : Marine Le Pen monte à 43,7 alors que Nicolas Sarkozy n’est plus qu’à 44 %.

    Au cours des dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 48 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

    L’urgence coûte à François Bayrou

    Le candidat du MoDem veut réorganiser les urgences. Un chantier important, explique-t-il, chiffres à l’appui, lors de son discours à Perpignan le 29 mars dernier :

    Il y a 15 millions de personnes qui vont aux urgences tous les ans.

    Le ministère de la Santé publie tous les ans le panorama des établissements de santé qui précise, entre autres, le nombre de personnes admises aux urgences en France métropolitaine. En 2007, elles étaient 16,4 millions, contre 17 millions en 2008 et en 2009 (dernières données disponibles), soit une moyenne de 16,8 millions d’entrées pour ces trois années. Avec ses 15 millions, François Bayrou laisse plus de 10 % de la population des urgences sur le carreau.

    Son évaluation du coût d’une visite aux urgences, dans le même discours, fut plus payante :

    L’urgence à l’hôpital est facturée 250 euros.

    L’unique donnée publique que nous avons trouvée sur ce coût moyen est celui d’une urgence dans un Centre hospitalier universitaire (CHU) – et non dans l’ensemble des hôpitaux de France. Le chiffre provient d’un rapport de la Cour des comptes publié en 2007, qui l’évaluait alors à 262,86 euros. Faute de données publiques plus précises, l’estimation de François Bayrou peut être considérée comme exacte, à 4,9 % près.

    Jean-Luc Mélenchon sous-paye les patrons

    Jean-Luc Mélenchon ne met pas tous les dirigeants dans le même sac. Ainsi évoque-t-il la rémunération de ces derniers le 29 mars, alors invité de France Info :

    Le salaire moyen d’un patron [dans une PME] c’est, dans le meilleur des cas, 4 000 euros.

    Jean-Luc Mélenchon a raison… pour les dirigeants des TPE (très petites entreprises), c’est-à-dire de moins de 20 salariés. D’après une publication de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), s’appuyant sur une enquête de l’Insee publiée en décembre 2011, le salaire moyen d’un dirigeant de ce type d’entreprise s’élevait à 3 891 € mensuels.
    Pour les PME – de 21 à 49 salariés -, la rémunération moyenne des patrons s’établit plutôt aux alentours des 6 297 € mensuels. Soit 40 % de plus que ce qu’évoquait Jean-Luc Mélenchon.

    Eva Joly en touriste

    La candidate d’Europe-Ecologie-Les-Verts s’est offert un petit détour du côté des frontières françaises le 23 mars dernier, lors de la matinale de France Info :

    80 millions de touristes qui passent les frontières [de l'étranger vers la France].

    Les dernières données du ministère du Tourisme lui donnent raison : la France a accueilli 76,8 millions de touristes internationaux en 2009, et 77,1 millions en 2010 selon l’Insee. Eva Joly voit les foules de touristes un peu plus fournies qu’en réalité (de 4 %) mais ses propos restent corrects.


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    Hollande ne passe pas la cinquième http://owni.fr/2012/04/04/hollande-ne-passe-pas-la-cinquieme/ http://owni.fr/2012/04/04/hollande-ne-passe-pas-la-cinquieme/#comments Wed, 04 Apr 2012 18:16:23 +0000 Marie Coussin http://owni.fr/?p=104933 OWNI-I>Télé le candidat socialiste reste à la troisième place, devancé par Eva Joly à 57,7 % et Jean-Luc Mélenchon (62,1 %).]]>

    Les positions bougent sur les lignes du milieu dans le classement quotidien du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des six principaux candidats à l’élection présidentielle. François Bayrou continue sa descente avec son discours à Perpignan, évalué à 44 % de crédibilité. Il rejoint sous la barre des 50 % Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen . Jean-Luc Mélenchon tient toujours tête avec 61,2 % de crédibilité.

    Au cours des dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 40 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

    François Hollande revisite la Vème République

    L’adverbe “jamais” dans une citation de candidat alerte toujours l’équipe des vérificateurs. Souvent synonyme d’exagération : “La croissante n’a jamais été aussi faible”, “nous n’avons jamais autant produit de notre histoire”, sa présence augmente donc la probabilité de tomber sur une citation incorrecte. Le 27 mars dernier, François Hollande ne fit pas partie des quelques exceptions à la règle. Lors de son discours à Boulogne-sur-mer, le candidat socialiste déclarait ainsi, un brin dramatique :

    Ce qui s’est passé depuis cinq ans en matière d’emploi et de chômage est le record, hélas, de la Vème République : jamais il n’y a eu autant d’emplois détruits.

    Notre vérification a bien failli tourner court à cause de ce curieux référentiel de temps – la Vème République. Car si l’Insee publie effectivement une série longue sur le nombre d’emplois (salariés et non salariés) en France, celle-ci ne commence qu’en 1989, soit 31 ans après le début de la Vème République.

    Cependant, ces données permettent d’ores et déjà d’invalider les propos de François Hollande : entre 2007 et 2010 (dernières données disponibles), le nombre d’emplois est passé de 26,4854 millions à 26,2416 soit 243,8 milliers d’emplois “détruits”. Sur une tranche temporelle équivalente – 1990 et 1993 -, le nombre d’emplois est passé de 23,2574 millions à 22,7587. La perte d’emplois est deux fois supérieure à celle connue entre 2007 et 2010, avec la “destruction” de 498,7 milliers d’emplois.

    Nicolas Sarkozy multiplie les prestations

    L’argument est vieux comme le monde, du côté droit de l’échiquier politique : les aides sociales que la France octroie aux immigrés créent un appel d’air incessant pour une nouvelle immigration.
    Nicolas Sarkozy l’évoquait dans son discours à Nancy, lundi 2 avril :

    Une immigration qui vienne en France [...] parce qu’elle est tentée par les prestations sociales les plus généreuses du monde.

    Or, selon l’institut de statistiques européen Eurostat, la France est tout juste dans le top 10 des pays les plus généreux en termes de prestations sociales. Avec 7 947 euros par an et par habitant en 2009 (dernières données disponibles), la France se retrouve derrière la Norvège, le Danemark, les Pays-Bas, la Suède, l’Autriche et l’Allemagne. Rien que dans l’Union européenne – alors que Nicolas Sarkozy évoque “les prestations (…) les plus généreuses du monde” -, l’affirmation du Président-candidat est incorrecte.

    Le fantasme de l’Allemagne atteint François Bayrou

    Après Nicolas Sarkozy, c’est au tour de François Bayrou d’idéaliser l’Allemagne. Il évoquait, dans son discours de Besançon le 27 mars dernier :

    Dans un très grand nombre de régions allemandes, il n’y a plus de chômage.

    A partir d’un taux de chômage à 3 %, une situation est généralement considérée comme pouvant être décrite “de plein emploi”.

    Selon un rapport Eurostat (EN) “Unemployment in the EU27 in 2010″ de novembre 2011, décrivant la situation de l’emploi dans l’Europe élargie avec une granularité au niveau des régions, il n’existe pas une seule région en Allemagne qui atteigne ce niveau : la “meilleure”, l’Oberbayern, faisant état de 3,6 %. Toutes les autres régions ont un taux compris entre 3,6 et 13,2 % (région de Berlin). François Bayrou est donc largement incorrect en évoquant “un très grand nombre de régions allemandes” qui connaîtrait le plein-emploi.


    Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
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    http://owni.fr/2012/04/04/hollande-ne-passe-pas-la-cinquieme/feed/ 3
    Twitter change le marketing politique http://owni.fr/2012/03/29/twitter-change-le-marketing-politique/ http://owni.fr/2012/03/29/twitter-change-le-marketing-politique/#comments Thu, 29 Mar 2012 09:10:47 +0000 Rodolphe Baron http://owni.fr/?p=103740

    Avec la Twittosphère, le cycle classique de l’information est rompu. C’est l’un des enseignements de cette campagne, pour les communicants au services des partis politiques. Des discussions privées se déroulent au sein desquelles citoyens, journalistes et élus sont sur le même plan, mais surtout sans que l’on distingue toujours le responsable politique dans sa vie publique ou dans sa vie privée.

    Pour Olivier Le Deuff (@neuromancien), maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication à Bordeaux 3, et twittos de la première heure, la distinction doit se faire naturellement sans altérer la réciprocité de l’échange :

    Twitter implique une projection totale de l’utilisateur et non pas partielle. Notre identité personnelle et professionnelle y sont mixées. C’est cet élément qui crée le lien social et politique. De la sympathie qui en découle naît le sentiment de proximité. Le mauvais exemple, c’est Nadine Morano qui ne fait aucune distinction entre sa propre personne et sa projection institutionnelle. Il en résulte une incapacité a communiquer. Du coup, elle est dans l’erreur et ne devrait pas aller sur Twitter.

    Le lien qui relie la personnalité politique à ses followers (ses abonnés) suppose la gestion du compte par la personnalité politique elle-même. Une réalité d’utilisation qui n’est pas une évidence pour tout le monde. Les deux principaux candidats en lice pour l’Elysée ne respectent d’ailleurs pas la règle en faisant administrer leurs comptes par leurs équipes de campagne. Sans doute, les enjeux sont-ils trop importants pour risquer la moindre gaffe par manque de maîtrise ou de pratique. Mais, une fois l’élection passée, le nouveau chef de l’Etat pourrait-il se permettre de tweeter ? Sur ce point, Olivier Le Deuff, émet des réserves :

    L’image de l’institution présidentielle bloque. En France, avec une autorité présidentielle quasi monarchique, il n’y a pas de réciprocité mais une suprématie. On peut écouter ses déclarations mais pas discuter avec elle d’égal à égal.

    Pour l’heure, en campagne électorale, cette twittosphère semble se développer comme un complément aux autres vecteurs de communication. La blogosphère politique n’est pas moins forte depuis le succès de Twitter, au contraire. C’est le constat de Louis-Serge Real Del Sarte (@LouisSerge), auteur du livre «Les réseaux sociaux sur Internet» et fondateur de l’agence de conseil en e-réputation ReaClic :

    La politique, c’est de l’information, qu’elle soit de l’intox ou de la désintox, cela reste de l’information et elle n’a pas tué le blog. Il ne mourra jamais pour une évidence, le blog reste un endroit où l’on a ses propres règles contrairement aux réseaux sociaux où l’utilisateur est soumis à des règlementations communes. Twitter permet de faire voyager l’information alors que le blog est un espace numérique en ligne destiné à quelqu’un qui va vouloir séduire. Twitter est un outil précieux qui génère du buzz et de la viralité.

    Twitter ne peut donc pas être l’unique vecteur de l’information puisqu’il suppose la présence d’autres appareils de communication pour le compléter. Une conception du réseau social qui nécessite une certaine pratique numérique de la part des utilisateurs. D’ailleurs, la «communauté des twittos» est plutôt jeune rapporte Louis-Serge Real Del Sarte :

    Twitter rassemble 70% d’utilisateurs âgés de moins de 45 ans et touche une majorité élective plutôt masculine ainsi qu’une population plus urbaine puisque 30% sont localisés en Île-de-France. Le problème qui se pose alors c’est qu’avec Twitter, vous ne touchez pas le reste de la population.

    Une suractivité des spécimens parisiens de la “génération Y” sur le réseau social ne constitue pas une faiblesse mais une opportunité électorale supplémentaire pour Olivier Le Deuff :

    Le public est différent sur Twitter. On y trouve surtout des journalistes et des universitaires. C’est important pour un homme politique d’y aller car c’est un moyen de convaincre des gens qui savent s’exprimer et qui peuvent, à un moment donné, traduire une pensée plus large.

    Tempête dans un verre d’eau diront les détracteurs de Twitter. Pourtant, la communauté des “Twittos” n’a fait que s’agrandir ces derniers mois (1 million de français inscrits sur Twitter au quatrième trimestre 2011 pour 5,2 millions de profils ). Conséquence de l’effet de mode ou envie d’accéder à une nouvelle manière d’interagir avec ceux qui nous représentent. Et Louis-Serge Real Del Sarte d’assurer que la tendance ne peut que se confirmer :

    La France vit une révolution culturelle. Le taux d’équipement de la population est important puisqu’il y a 18 millions de «mobinautes» Android et iPhone. On compte déjà plusieurs millions de comptes en France alors Twitter ne peut que se développer. Quand il arrivera à maturité, 100% des personnes l’utiliseront.

    Mimétisme

    Malgré l’attractivité qu’il dégage de part sa visibilité sur la toile, Twitter reste un outil en voie de généralisation qui constitue l’exception plutôt que la règle. Arnaud Mercier (@ArnauddMercier), professeur en science de l’information et de la communication à l’Université Paul Verlaine de Metz, et auteur de “Médias et Opinions Publique” reste sceptique. Pour lui, Twitter est loin d’être indispensable :

    Une partie des politiques inscrits sur Twitter le sont par mimétisme. Il faut en être parce que ça fait moderne mais certains ne savent pas eux-même pourquoi ils y vont. Je ne crois pas que cela soit devenu essentiel d’être sur Twitter. C’est une caisse de résonance supplémentaire.

    Un avis partagé par Edouard Gassin, directeur de l’agence de communication politique Mille Watts fondée en octobre 2006 :

    Est-ce qu’il faut vraiment être sur Twitter quand on est un homme politique ? Nous, la réflexion que l’on a, c’est de savoir si c’est pertinent de déployer [le politique NDLR] sur Twitter. C’est un outil très chronophage qui nécessite un investissement important. Si l’on parle des campagnes présidentielles de Hollande et Sarkozy, des dizaines de personnes travaillent dessus. Mais c’est une évidence, les résultats sont bien meilleurs en terme d’audience quand ce sont les vrais élus qui s’investissent personnellement.

    Pour, arriver à générer ce fameux lien de proximité avec ses followers, les politiques sont amenés à conjuguer leur rôle d’élu avec celui de n’importe quel utilisateur de Twitter. Cela suppose d’autres tweets que ceux ayant tendance à cantonner le propriétaire du compte dans une forme de communication unidirectionnelle. Pour Edouard Gassin, il s’agit d’éviter la banalisation de l’élu dans son caractère uniquement politique, déjà véhiculé par d’autres médias :

    On est dans un espace de discussion et d’échanges. Si on l’utilise comme un tuyaux à informations, ça ne sert à rien. On ne se sert qu’à moitié de l’outil.

    Du coup, une utilisation adaptée de Twitter à une campagne électorale nécessite parfois un apprentissage de la part de la classe politique dont beaucoup de membres frôlent souvent la cinquantaine et n’ont pas toujours l’expérience du net suffisante pour appréhender l’utilisation des réseaux sociaux :

    Les élus quadragénaires voire quinquagénaires ont parfois une conception ancienne de l’outil. Mais il est plus simple d’agréger de vraies personnes [à Twitter NDLR] que de créer de faux comptes de followers. En plus, c’est moins difficile d’animer un compte Twitter qu’un blog qui demande une certaine expertise.

    Twitter ne peut former qu’une partie du dispositif de communication qui est censé s’articuler autour d’un raisonnement de fond. Jamais, en 140 caractères, il ne sera possible de développer une pensée politique comme cela peut se faire sur un blog, un site Internet ou lors d’une interview. D’après Arnaud Mercier, la twittosphère est encore trop restreinte pour constituer un enjeu majeur :

    Je ne crois pas que l’on puisse dire qu’il y ait, en France, de stratégie marketing électorale sur Twitter. Investir massivement une stratégie sur ce réseau social est un non-sens.

    Cependant, Arnaud Mercier reconnaît que la forme d’interaction correspond avec les besoins de la communication politique 2.0, avec de sérieuses limites :

    Les 140 signes sont en parfaite osmose avec l’habitude qui consiste à faire de Twitter un support de rédaction de petits piques à décocher en espérant que cela sera repris. Une partie de ce qui fait le buzz sur Internet a encore besoin d’un adoubement par les médias traditionnels pour avoir une influence.

    Une petite révolution qu’il convient également de souligner est la communication par live tweet. Elle consiste à commenter en temps réel les émissions politiques se déroulant en direct, sur les médias traditionnels, à la télévision ou à la radio. Une évolution qui fait sens,  d’après Arnaud Mercier :

    Le commentaire en live tweet des émissions politiques deviendra probablement un phénomène social. Il permet de nourrir un regard critique sur les stratégies de communication politique à grands coups de hashtag. Vous avez, en direct-live, de la contre communication politique.

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    http://owni.fr/2012/03/29/twitter-change-le-marketing-politique/feed/ 9
    Les data en forme http://owni.fr/2012/03/26/les-data-en-forme-design/ http://owni.fr/2012/03/26/les-data-en-forme-design/#comments Mon, 26 Mar 2012 16:02:06 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=103571 OWNI revient plus en forme que jamais. Au programme : une odyssée de data, une plongée dans la démocratie, une carte pour jouer au terroriste nucléaire et quelques data-outils à garder en poche. Bonne semaine !]]> Découvrir un texte vieux de plus de 3 000 ans sous un angle totalement inédit, c’est le projet magique de Santiago Ortiz, disponible sur son site moebio.com. Il a créé deux datavizualisations interactives de l’Iliade : une version “stream” qui permet d’observer quels sont les personnages les plus présents dans les différents livres de l’oeuvre d’Homère et une version “network” pour visualiser les relations entre les personnages.

    Chaque personnage, symbolisé par un rectangle, est relié à un autre si ils dialoguent dans L’Iliade. De fait, plus un personnage est présent et interagit avec les autres, plus son poids graphique est important.

    Achille, Hector et Zeus vont désormais devoir faire attention à leur e-reputation.

    Maîtriser les effets nucléaires

    Âmes sensibles s’abstenir. La carte d’Alex Wellerstein, historien spécialisé sur les armes nucléaires et travaillant à l’Institut américain de physique, est construite sur une idée politiquement peu correcte.

    La bien nommée Nukemap – “Le calculateur d’Alex des effets nucléaires” ayant été jugé insuffisamment sexy par les amis du créateur – vous propose de faire exploser une bombe nucléaire de votre choix, à l’endroit de votre choix, et de visualiser les effets produits, au moyen de cercles concentriques de couleurs allant du rouge au vert et légendées.

    Ainsi, si vous décidez de faire exploser à Paris une bombe “Little Boy” (du type de celles utilisées à Hiroshima), le rayon de l’explosion d’air où le taux de décès approcherait de 100 % serait une zone de 0,7 km2, allant de Rambuteau au nord, à Saint-Paul à l’est, Maubert-Mutualité au sud et presque Pont-Neuf à l’ouest.

    Alex Wellerstein se défend de toute volonté morbide ou d’incitation au terrorisme : son projet est essentiellement à but de recherche, créé dans le cadre d’un des cours qu’il assurait sur l’histoire des armes nucléaires. Sa carte permet par exemple de comparer les puissances des premières bombes nucléaires à celles utilisées de nos jours.

    Au 23 février 2012, son outil avait été utilisé plus d’un million de fois, pour 190 000 visiteurs. Il en a tiré une autre cartographie, qui visualise les lieux d’explosions les plus souvent choisis par les internautes : l’Europe et les États-Unis sont sureprésentés.

    I love dataviz-democracy

    Autre oldlink mais que nous avions vraiment envie de faire figurer dans notre veille, l’application développée par la start-up Dataveyes pour le compte d’Arte, à l’occasion de la sortie des séries de documentaires “I love Democracy”.
    L’application présente les portraits de sept pays – États-Unis, Maroc, Tunisie, Grèce, Turquie, Russie, Inde – selon six indicateurs résumés en dataviz : longévité du chef de l’État, situation démocratique, scolarisation, inégalités hommes/femmes, facebook et Internet, inégalités de richesse. A ces indicateurs s’ajoute un tableau récapitulatif, et la possibilité de comparer ces sept pays-phares avec les autres nations du monde.

    Plus que les données en elles-mêmes, ce sont les formes de datavizualisations, le graphisme et la navigation choisie qui font sortir cette application du lot. Seul bémol : la comparaison des pays pour la situation démocratique, peu claire.

    La présidentielle s’analyse

    Deux applications orientées vers la présidentielle ont particulièrement retenu notre attention ces dernières semaines.

    La plus récente, lancée par Data publica en partenariat avec Matière primaire, est un observatoire des candidats sur Twitter à plusieurs variables : le nombre de followers, la sémantique – termes qui reviennent le plus souvent dans les tweets qui parlent d’un candidat sur une période donnée : mois, semaine ou dernières 24 h – et le bruit – nombre de tweets lié à chacun des candidats.
    Basé sur l’API de search de twitter, l’application est mise à jour toutes les 30 minutes et récupère ainsi jusqu’à 1 500 tweets par candidat.
    Cette base de données relativement exhaustive, servie par le design caractéristique et minimaliste de Matière primaire en font un outil agréable et utile.
    Par exemple “Toulouse” arrivait en tête de la sémantique analysée hier pour les candidats Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy, Eva Joly et François Hollande (2ème position) alors que c’était la cinquième thématique la plus citée pour François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon.

    Moins récente, mais toujours d’actualité l’application d’analyse des discours des candidats à la présidentielle développée par Linkfluence et Jean Véronis Technologies pour LeMonde.fr.
    Outil sémantique, il propose l’analyse informatisée de plus de 1 100 discours discours politiques (uniquement des discours publics) avec des fonctionnalités permettant de rentrer en profondeur dans les sujets : filtrer les discours par candidat, choisir les thèmes abordés, sélectionner les discours selon une période au moyen de la timeline, comparer la présence des pronoms et surtout visualiser les thèmes les plus présents dans chaque discours.
    On regrette juste l’absence d’une fonctionnalité permettant de comparer les discours de candidats différents. Peut-être pour 2017 ?

    La place rouge en open data

    La Russie se met au datajournalisme : c’est en tout cas ce qu’espère l’équipe de journalistes et citoyens à l’intiative du site datajournalism.ru. Graphiquement très réussi, ce site entend à la fois :
    - proposer une veille sur le data journalisme (nombreux liens vers le Datablog du Guardian) et inciter à la création d’une école de data journalisme en Russie ;
    - mettre en contact journalistes, développeurs et designer pour monter des projets
    - promouvoir l’open data en Russie (souhaitons-leur bonne chance) et publier les données déjà ouvertes.
    Tout cela est également dans un but compétitif : le site datajournalism.ru espère présenter un candidat aux premiers Data Journalism Awards organisés par le GEN (Global Editor Networks), Google et le Centre de journalisme européen (CEJ).

    En parlant d’Open Data, un lien qui fait rêver : la carte des retards de train en temps réel. Pas besoin de commenter, juste d’admirer.

    Remplir sa data-boîte à outils

    On termine cette chronique par deux initiatives de data journalisme version pratique.
    L’une à suivre : la toute récente annonce de la part de Wikipédia de créer “Wikidata“, base de données gratuite, collaborative, multilingue permettant de collecter des données structurées.

    L’autre à utiliser dès maintenant : datawrapper.de, l’outil de datavisualisation gratuit et en ligne développé par les data journalistes Nicolas Kayser-Bril et Mirko Lorenz pour l’ABVZ – organisation de formation des journalistes affiliée à BDVZ (Association des éditeurs de presse allemands). A l’image de Google Charts ou de Many Eyes, Datawrapper permet de créer des graphiques et des visualisations embeddables facilement sur son site internet.

    Bonne data-semaine à tous !


    Retrouvez tous les épisodes des Data en forme !

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    http://owni.fr/2012/03/26/les-data-en-forme-design/feed/ 2
    Les Data en forme http://owni.fr/2012/02/27/les-data-en-forme-5/ http://owni.fr/2012/02/27/les-data-en-forme-5/#comments Mon, 27 Feb 2012 15:55:05 +0000 Paule d'Atha http://owni.fr/?p=99812 OWNI vous propose de programmer le futur, d'analyser les sentiments des candidats à la présidentielle et de découvrir enfin qui dirige le monde. Parce qu'on a beau respirer du datajournalism à chaque seconde, on reste des êtres humains. Finalement.]]> Au cours de notre veille de la semaine, nous sommes tombés sur cette fenêtre. Sobrement intitulé “The Country Comparator”, le projet se résumait ainsi : “Basé sur les statistiques de l’OCDE, réalisée en HTML5 et utilisant Raphael JS”. Il avait donc déjà tout pour faire battre le petit coeur de Paule d’Atha.

    Le projet tient ses promesses : “The Country Comparator” est la nouvelle réalisation d’Anthony Veyssiere, l’un des papas bien inspirés de Retwith 2012, visualisation interactive de la popularité des hommes politiques sur Twitter, vainqueur d’un prix au concours YouTube/Elections 2012 que nous avions déjà fait évoqué dans les Data en forme.

    Cette application permet de comparer les pays de l’OCDE selon trois thématiques (santé, société, travail) et plusieurs indicateurs : taux de suicide, consommation d’alcool, taux de chômage, taux de fertilité, espérance de vie,…

    Le concept n’est pas sans rappeler celui de World Shapin, basé sur les données des Nations Unies et dont nous vous parlions déjà dans les Data en forme. Son efficacité permet de penser qu’il serait notamment fort utile à nos décideurs politiques pour comparer – et sur des données justes cette fois -, le couple franco-allemand, si important à leurs yeux.

    service-public.uk

    De l’autre côté de la Manche, les Britanniques construisent brique par brique le futur des services publics. Après avoir été l’un des premiers à se lancer dans l’ouverture des données publiques, le gouvernement de Sa Majesté va encore un peu plus loin dans l’idée d’Open Governement et la question de la réutilisation des données (dont OWNI se faisait l’écho cette semaine) en ouvrant (encore en BETA pour l’instant) un site dédié à l’information et le service au public, sobrement intitulé gov.uk.

    La recherche se fait par mots clefs, l’interface est claire et simple d’utilisation, tandis que le contenu renvoit à des éléments aussi divers que les dates des vacances scolaires, les démarches à faire en cas de décès d’un proche ou encore le montant des taxes locales. De nombreuses procédures peuvent être réalisées en ligne : payer un amende ou signaler un délit.

    Côté français…

    … l’Open Data avance aussi, mais à petits pas. Etalab – la mission gouvernementale chargée de l’ouverture des données publiques, qui a lancé data.gouv.fr en décembre dernier – a annoncé l’ouverture de Dataconnexions. Présentée comme une “communauté de projets” visant à favoriser les échanges et créer un lien entre les “offres” de service et les « demandes » des porteurs de projet, ouverte à tous les “professionnels de l’open data” (journalistes, étudiants, free lances, start up…), Dataconnexions promet quatre concours en 2012 et quatre rassemblements de co-working.

    Essentiellement tournée vers l’aspect économique et “professionnel” de l’Open Data, Dataconnexions n’en reste pas moins une initiative prometteuse.

    Autre initiative à relever, celle de l’Open Data School, portée par deux étudiants en Master 1 de l’ESCP, Rémy Lombard et Ludovic Péran. Leur équipe – Data Team – a remporté le Challenge Administrations 2020. Organisé par la direction générale de la modernisation de l’Etat, ce challenge “propose aux étudiants d’imaginer, par équipe de deux ou trois, des projets pour simplifier la vie des citoyens, des familles, des associations, des chefs d’entreprises… bref de tous les usagers des services publics“.

    Le projet de Data Team :

    “sensibiliser et former les agents de la fonction publique, producteurs de données, à l’open data pour en accélérer le développement en France et en améliorer la qualité (…) par le biais d’un parcours de formation, interactif, sur Internet ou un séminaire de formation”

    Leur motivation :

    “Nous pensons que cette plateforme (data.gouv.fr) doit inclure le citoyen au cœur de son fonctionnement, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Le site reflète la logique du projet d’opendata français qui est uniquement top-down alors qu’elle devrait être bottom-up. (…)

    Selon nous l’innovation ne consiste pas à proposer au citoyen ce qu’il attend mais ce qu’il n’attend pas et dont il a pourtant besoin, c’est notre leitmotiv pour mener à bien le projet.”

    On ne saurait mieux l’exprimer.

    Autopsie d’une infographie

    Refermons ce paragraphe sur l’Open Data, tout en gardant l’onglet “formation” en tête.

    Pete Warden (ancien d’Apple, fondateur d’OpenHeatMap) nous explique sur O’Reilly Radar les dessous de sa dernière visualisation, qui permet d’observer où les usagers américains de Facebook partent en vacances et de constater ensuite, pour n’importe quelle destination, le top 10 des villes d’origine.

    Sans être révolutionnaire, cette visualisation, fonctionne parfaitement et apporte une réelle information : Pete Warden aborde toutes les étapes de la conception (récupération des données, nettoyage des tableaux, choix de la visualisation, réalisation,…) de manière vivante et très didactique  : on prend un cours de dataviz sans s’en rendre compte.

    Nations Unies = Illuminati

    Ou le complot mondial enfin révélé grâce à David McCandless. Son infographie “Who Runs the World” / “Who Really Runs the World” est encore une fois très réussie : simple, esthétique, ergonomique. Et même humoristique.

    On vous laisse découvrir la vérité sur ceux qui nous dirigent. C’est juste au bout du roll over.

    Notre deuxième infographie de la semaine, “Envisioning technology” réalisée par Michell Zappa vous propose de plonger dans le futur. Mais pas n’importe quel futur : pour Michell Zalla, le futur, c’est serious buisness, et bien “plus qu’un travail de devinette“.

    Son travail – conseiller en stratégie technologie – consiste à observer et analyser les tendances émergentes, et à en tirer des conclusions sur la façon dont se développe la sphère technologique.

    “Envisioning technology” matérialise cette recherche : une frise chronologique, de 2010 à 2040, une infographie divisée en 11 bandes colorées, chacune représentant une catégorie de technologie évoquée par Michell Zalla: intelligence artificielle, robotique, Internet, énergies, biotechnologie,…

    Les différentes innovations sont positionnées dans la frise face à l’année censée voir leur apparition, et elles sont graduées selon l’impact sur l’utilisateur, l’importance et le croisement technologique supposé.

    Ainsi, les fans de K2000 seront donc ravis d’apprendre que les voitures comme KITT (conduite automatique) seront légion dès 2018 et l’Etablissement français du sang pourra arrêter ses campagnes d’appel au don du sang à partir de 2017, quand le sang synthétique aura fait son apparition.

    Aux côtés des traditionnels robots et évolutions des machines technologiques, on trouve des idées plus incroyables comme le “brouillard utile” daté en 2039 : nuage de robots microscopiques dont la forme et les fonctionnalités évoluent en fonction de la demande.

    Scan politique

    Terminons notre épisode des Data en forme par un petit tour vers notre scène politico-médiatique.

    Le Figaro a lancé spécialement pour la campagne 2012 un baromètre des opinions exprimées sur Internet à propos des candidats à la présidentielle, Le Scan.

    Ce baromètre compile plusieurs sources de données comme l’explique l’article dédié à la méthodologie :

    Le Scan écoute en temps réel un grand nombre de sources, identifie les contenus qui évoquent une ou plusieurs des personnalités étudiées : articles (…), vidéos (contenus audiovisuels publiés par des médias professionnels et transcrit pour être analysés par la plateforme Voxalead de notre partenaire Exalead((propriété du groupe Dassault, NDLR))), blogs (…), Facebook (…)Le Scan n’écoute que les status rendus publics par ces membres.”

    A chaque contenu web, le moteur d’analyse sémantique du Scan attribue un sentiment positif ou négatif, dont l’association permet de mesurer plusieurs classements :  sentiment dans les médias, sentiment sur les réseaux sociaux, volume de citation, recrutement des fans (sur les réseaux Facebook et Twitter). A toutes ces informations s’ajoutent la possibilité de voir l’actualité des personnalités dans les médias et un classement de leur popularité.

    Un contenu intéressant, malheureusement peu mis en valeur par l’ergonomie du site qui fait se juxtaposer les différents classements. Les fonctionnalités à l’intérieur d’un classement sont par contre bien conçues, permettant d’ajouter ou ôter autant de candidats que souhaité.

    En forme cette semaine selon Le Scan : Eva Joly et François Bayrou. En panne : Marine Le Pen.

    Si les classements sur la présidentielle vous intéressent, jetez un oeil à celui-ci, il n’est pas trop mal /-)

    Bonne data-semaine à tous !


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    http://owni.fr/2012/02/27/les-data-en-forme-5/feed/ 57
    Un vrai chef pour 2012 http://owni.fr/2012/01/19/un-vrai-chef-pour-2012/ http://owni.fr/2012/01/19/un-vrai-chef-pour-2012/#comments Thu, 19 Jan 2012 16:24:32 +0000 Jean-Paul Jouary http://owni.fr/?p=94571

    Dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent.

    Alexis de Tocqueville

    Il arrive que des informations se croisent au bout de chaînes causales apparemment si indépendantes, qu’on en vient à penser que leur conjonction relève du hasard pur, selon la définition qu’en donnait Cournot. Ainsi, il y a peu, un hebdomadaire demandait en grosses lettres à sa Une : ” Hollande est-il un vrai chef ? “, sur le ton du soupçon qui sous-entend qu’un homme politique digne de ce nom doit savoir diriger sans trembler.

    Au même moment les médias unanimes évoquaient les “guerre des chefs” dans les partis politiques. Alors que je commençais à écrire pour OWNI sur ce thème dans le fil de mes chroniques précédentes, la nouvelle de la condamnation de Jacques Chirac tombait. Aucun rapport direct, bien sûr. Et puis, en y réfléchissant bien : et si ces deux éléments étaient liés entre eux de façon souterraine ?

    Reprenons les choses de plus haut. La campagne électorale présidentielle en cours est l’occasion d’un usage récurrent sans précédent du mot ” chef “. A propos de François Hollande, en fait, le journal induit une comparaison : par les temps qui courent, on sait que Nicolas Sarkozy sait décider contre l’avis de son peuple ; il l’avait fait à propos du Traité de Lisbonne que les citoyens avaient rejeté par référendum, il prétend le refaire à propos de la “règle d’or” qui inscrirait dans la Constitution la nécessité de l’austérité et du démantèlement des services publics.

    Ainsi il se comporte en vrai “chef ” : le peuple peut crier et défiler, il ne sait pas ce qui est bon pour lui, il n’a pas la “science” du pouvoir. Si un autre Président s’engageait à le consulter, il serait irresponsable. Il faut de vrais “chefs” comme en Italie ou en Grèce désormais. Des décideurs qui ne sacrifient pas leurs décisions à la démocratie. De ces chefs dont Rousseau disait qu’ils s’accoutument “à regarder leur magistrature comme un bien de famille, à se regarder eux-mêmes comme les propriétaires de l’État” et à considérer les citoyens “comme du bétail “.

    Ainsi, tout se passe comme si les citoyens français étaient invités au printemps prochain à se donner un nouveau “chef “, comme un troupeau perdu sans berger (et chiens de bergers à l’occasion). Toute la campagne présidentielle en cours est marquée par ce thème central : qui est le mieux placé pour imposer une règle financière qui inscrive dans la Constitution l’illégalité du progrès social ? Qui est le mieux placé pour imposer l’austérité que cela suppose ? Qui est le mieux placé pour imposer une régression des services publics ? Qui s’engage à ne plus recruter d’enseignants et à ne plus les former ni les inspecter ? Etc. Seul un vrai “chef ” saura infliger au peuple ce que pourtant il refuse, et il est sans précédent que ce cynisme en fasse un argument électoral dans lequel on espère que le peuple verra son salut. N’est-ce pas de nous que parlait déjà Alexis de Tocqueville lorsqu’il écrivait que ” dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent” ?

    Alexis de Tocqueville par Théodore Chassériau, 1850

    En France, la politique serait-elle devenue exclusivement le moyen pour le peuple d’abandonner son sort à une personne ? Serait-il devenu une sorte d’évidence de considérer que le peuple est trop ignorant pour juger les possibles, et qu’il n’a d’autre capacité démocratique que celle qui l’autorise tous les cinq ans à déléguer tous ses pouvoirs à un ” chef ” ? Derrière tout cela n’y a-t-il pas l’idée que gouverner la société est affaire de quelques personnes formées pour la chose, ou désignées pour s’en occuper de la hauteur vertigineuse à laquelle nos institutions font accéder les dirigeants ?

    On oublie trop souvent que les institutions françaises font partie de celles qui confèrent le plus de pouvoirs et qui, en même temps, protègent le mieux, lorsqu’elles trahissent leurs devoirs, les personnes qui en bénéficient. Comment s’étonner alors qu’un véritable sentiment d’impunité s’en emparent, ayant la possibilité de ne jamais rencontrer un juge, mais aussi celle de déplacer, remplacer les magistrats susceptibles d’instruire les affaires ? Comment s’étonner que les princes qui nous dirigent ricochent de scandale en scandale, lorsque la loi appelle ” détournement de bien public” ce qu’ils finissent par considérer comme un bien privé, un “bien de famille” selon les termes de Rousseau ?

    Du coup, cette condamnation d’un ancien président de la République est vécue par les tenants de ce système politique comme un affront, une triste nouvelle pour un vieillard déclinant, un regrettable précédent. A-t-on jamais vu un berger mis en cause par quelques brebis galeuses de son troupeau ? Quoi qu’il en soit, ceux qui s’offusquent des fautes commises par les gouvernants et ceux qui s’offusquent que ces fautes soient punies ne doivent pas oublier qu’au fond, par-delà cette sentence des juges, c’est bien l’idée même que le suffrage confère du pouvoir à des “chefs” qui doit concentrer la réflexion de tout citoyen épris de liberté.

    Comme quoi, finalement, ces nouvelles qui semblaient se croiser par hasard ont en commun un certain esprit de l’époque, une tentation de servilité à laquelle il est faux qu’on ne puisse résister. Le corollaire du dévoiement de la démocratie par une ” représentation ” qui ôte la souveraineté aux citoyens, c’est bien un déréglementation générale de la “chose commune”, la République, par une déréglementation essentielle de la démocratie. Encore une fois.

    Lorsque l’argument suprême d’une campagne électorale devient la promesse du chef de tenir tête aux citoyens du haut du pouvoir, il ne reste aux citoyens que la possibilité d’organiser, de débattre, d’exprimer “en bas” l’exigence de formes nouvelles de vie politique. Rien ne fait plus peur aux ” chefs ” que la démocratie active, pratique, tenace, têtue, et ingénieuse.

    NB : A lire, de toute urgence, tous les ouvrages philosophiques consacrés depuis vingt cinq siècles à la démocratie.


    Illustrations et photos : Poster-citation par Marion Boucharlat (cc) pour Owni ; Texture par Sarai Fotography (cc) ; Portrait d’Alexis de Tocquville par Théodore Chassériau via Wikimedia Commons (Domaine Public)

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    http://owni.fr/2012/01/19/un-vrai-chef-pour-2012/feed/ 5
    Obama connaît pas http://owni.fr/2012/01/14/obama-connait-pas/ http://owni.fr/2012/01/14/obama-connait-pas/#comments Sat, 14 Jan 2012 14:41:04 +0000 Gaël Cogné http://owni.fr/?p=94072

    Mardi 3 janvier 2012 en soirée. Le président américain Barack Obama, de retour de vacances à Hawaii, s’adresse depuis la Maison Blanche via Skype à des militants démocrates de l’Iowa. Selon le site du Telegraph, “le président a rappelé à ses troupes la victoire historique de 2008 mais prévenu : nous avons beaucoup à faire”, avant la présidentielle de novembre.

    Au même moment, de l’autre côté de l’Atlantique, en France, les médias s’intéressent à “l’adresse” aux Français du candidat socialiste, François Hollande. La lettre est à la une de Libération qui titre ‘le changement c’est maintenant”. Le soir, il est l’invité du 20h de France 2.

    Skype d’un côté, presse et télé de l’autre. Deux approches de la communication ? L’exemple est un peu caricatural, mais souligne que les recettes de communication politique tant louées à l’élection d’Obama (élu avec une large majorité de 52,9%) ne seront probablement pas appliquées à la lettre en France.

    Le secret d’Obama ? Passé son charisme, c’est notamment “la manière dont il a utilisé Internet (qui) a révolutionné la communication électorale”, estime Virginie Picquet, docteur en civilisation américaine.

    Emboîtant le pas du technophile et précurseur gouverneur du Vermont, Howard Dean, l’équipe de campagne récolte des mails (“Ils ont réussi à avoir les adresses e-mail de 13 millions de personnes”), développe Catalist (une énorme banque de données croisant des dizaines de fichiers sur des millions d’américains), recrute sur les réseaux sociaux (“il avait trois millions d’amis sur facebook”), utilise des alertes SMS (1,3 million de numéros a été collecté et “les sympathisants ont su avant tout le monde quel serait le vice-président”), etc.

    La démarche se poursuit sur le terrain :

    Il a très bien utilisé Internet pour faire en sorte que les gens s’investissent dans la campagne, organisent des meetings, ils avaient l’impression d’avoir une influence sur la campagne, sur l’issue des élection. (…) (Ils se sont sentis) investis d’une mission.

    Des centaines de milliers, sinon des millions de personnes, constituent localement des équipes et deviennent des ambassadeurs du candidat sur le terrain physique, des “grassroots”. Ils téléphonent, frappent aux portes de manière ciblée, organisent des réunions, convainquent leur entourage bien plus efficacement qu’un tractage classique. Selon la chercheuse, cela va d’ailleurs permettre de toucher “des jeunes, les minorités, des catégories de la population considérées comme absentéistes”.

    [ITW] Un lobbyiste numérisé en campagne

    [ITW] Un lobbyiste numérisé en campagne

    À l'intérieur du PS, il passe pour le lobbyiste des questions numériques. Benoît Thieulin a construit plusieurs campagnes ...

    Pour Benoît Thieulin, directeur de l’agence La Netscouade et ayant participé à un rapport du think tank proche du PS Terra Nova, Obama a réussi à à fusionner une campagne “on line” à une campagne “off line”, un tour de force que n’était pas parvenu à réaliser Ségolène Royal (pour laquelle il a fait campagne).

    “Il va gérer dans un outil sur Internet la totalité de sa campagne : c’est ça qui est révolutionnaire. Toute sa chaîne de commandement, tout son QG, la manière dont il va organiser ses équipes, ça va passer par un énorme extranet : mybarackobama.com. (…) Avec des outils métiers, il est plutôt hiérarchique, il permet de faire des choses très concrètes et très pratiques, c’est à dire de pouvoir gérer votre petite équipe, lever des fonds, gérer des agendas collaboratifs, des listes de discussion, comptabiliser les cookies que vous avez vendu à telle réunion d’appartement, disposer des listes des gens à appeler, des adresses des gens où aller frapper.”

    Le tout, sous l’œil du QG de campagne.

    Alors que la stratégie de l’UMP semble écarter l’approche d’Obama, le PS, estime Thieulin, avec La Coopol (son bébé, qu’il voit comme le mybarackobama.com des socialistes) et Europe-Ecologie Les Verts sont certainement ceux qui ont le plus essayé de s’approcher en terme de “capacité organisationnelle” des méthodes d’Obama. Signe de l’attention du PS, le responsable de la web-campagne de Hollande, Vincent Feltesse, a rencontré l’équipe d’Obama. La collecte de 500.000 à 800.000 adresses mails de sympathisants qui les avaient livré lors la primaire a d’ailleurs permis à l’équipe d’Hollande de se rappeler à leurs bons souvenirs en décembre.

    Pourtant, dans son cabinet parisien, un communicant, proche de quelques éléphants du PS se désole :

    Les campagnes modernes, les campagnes grassroots, pour établir une inter-relation avec l’électorat dans ses composantes les plus réduites (…) sont très sous-utilisées.

    La faute aux Français qui auraient un train de retard ? S’appuyant sur un sondage réalisé pour MSN, Ipsos écrivait en novembre :

    “Dans le cadre de la campagne présidentielle, une majorité des internautes (51%) comptent s’informer sur les sites/blogs des candidats. En revanche, seuls 14% comptent discuter politique sur les forums/articles durant la campagne (et 9% sur Facebook ou Twitter), seuls 11% pensent publier des liens vers du contenu politique sur un réseau social, seuls 8% comptent donner leur e-mail à un parti politique pour participer activement à la campagne et 6% comptent faire la promotion d’un candidat sur le web (…). Il semble que pour 2012, comme pour 2007, l’activité militante en France sur Internet aura du mal à atteindre les niveaux des Etats-Unis de 2008″.

    Thieulin explique pourtant que les Français n’ont rien à envier aux Américains sur Internet avec un web “créatif”. Il avance comme élément d’explication une “classe politique française plus âgée, moins technophile que dans d’autres pays, en particulier en Angleterre ou aux Etats-Unis, du coup elle peine à s’approprier ces outils là”.

    A moins que les Français ne soient rétifs à des outils développés outre-Atlantique, juge Guilhem Fouetillou, de Linkfluence, qui juge que les expériences comme la Coopol ou les créateurs de possible (la version UMP qui a disparue) “ne sont pas des grands succès”.

    Il me semble que la raison pour laquelle c’est moins puissant et fort qu’aux Etats-Unis, ce n’est pas du tout à rattacher à un manque de maîtrise ou à un déficit des usages. Je pense qu’il y a aussi un des éléments culturels dans l’équation.

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    Selon lui, le PS a beau disposer de nombreux mails :

    “Ca ne va pas changer fondamentalement la chose car ce sera toujours le même type de public qui va venir aux meetings à cause de déterminants qui sont très socioculturels. Les leviers que l’on présente comme étant les seuls possibles, ceux qu’on a vu aux Etats-Unis, c’est-à-dire la mobilisation des masses pour en faire des ambassadeurs et des promoteurs, ces leviers là du web, assurément ne sont pas adaptés à la culture française.”

    Dans son analyse, Ipsos note d’ailleurs que :

    “Outre la maîtrise d’Internet par la population, d’autres facteurs sont en effet en parties liées à la réussite d’une e-campaign : par exemple l’engouement pour un candidat (très fort pour Obama en 2008, en particulier chez les jeunes) mais aussi certains facteurs culturels (le militantisme en France se faisant de manière moins affichée qu’aux Etats-Unis par exemple, sur le web ou ailleurs).”

    Chez EELV, Julien Bayou explique que le web est un “terrain de campagne” et sert aussi à “organiser la campagne, le terrain réel”, mais il appelle à raison garder, expliquant qu’il est inutile de vouloir se comparer aux Etats-Unis, alors que des bases statistiques comme Catalist sont irréalisables en France juridiquement et financièrement :

    “En France, déjà, on a une protection des données qui est plus importante et une réticence des individus à étaler leurs informations en ligne”. Il relève qu’ “une campagne comme celle d’Obama demande un traitement de l’information de haut vol”, bien au-dessus des capacités d’EELV alors que “malheureusement ou heureusement, la question des moyens reste preignante”.

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    http://owni.fr/2012/01/14/obama-connait-pas/feed/ 5
    Vendredi c’est graphism http://owni.fr/2012/01/13/vendredi-c%e2%80%99est-graphism/ http://owni.fr/2012/01/13/vendredi-c%e2%80%99est-graphism/#comments Fri, 13 Jan 2012 08:08:35 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=93960

    Bonjour à toutes & tous,

    C’est reparti cette semaine pour un nouveau numéro de “Vendredi c’est Graphism” !Au programme, du papier découpé, de la typographie, du pixel et du catch. On s’essayera également à la pensée de Léo Burnett en mangeant du choco-typographisme ! On terminera sur un cheval de feu animé et un WTF qui bouge, qui danse et qui va vous faire remuer la tête !

    Un excellent vendredi… plein de Graphism !

    Geoffrey

    On commence notre semaine avec le “Paper Cut Project” qui réuni les talents des deux créatrices très inspirées, Nikki Salk, récemment diplômée de l’Illinois Institute of Art de Chicago et la styliste Amy Flurry. Elles se sont retrouvées pour concevoir ensemble des sculptures de papier. Leur travail est extrêmement minutieux et le papier se transforme ainsi en volume, en ombre et en lumière. Les limites du papier sont une fois de plus repoussées pour laisser libre court à l’imagination. Installées à Atlanta, les deux créatrices travaillent aujourd’hui sur de grandes campagnes de publicité ainsi que sur des défilés de haute couture.

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    Notre revue de la semaine continue avec une vidéo réalisée par le designer californien James Edmondson. Il nous explique la relation qu’il a avec son travail, largement déterminée par son passé. Chaque nouveau travail, chaque fois qu’il a été heureux, chaque fois qu’il a créé quelque chose, un logo, une typographie, etc. il en ressort changé. En regardant un peu en arrière, il explique qu’il peut prendre des décisions beaucoup plus facilement et en étant plus sûr de lui. Le tout orchestrée sur le morceau intitulé Mahalo, par Ratatat.

    Cliquer ici pour voir la vidéo.

    Cette semaine, j’ai également eu le plaisir de découvrir le travail un peu fou de l’artiste américain Nick alias Nickofdoom. Ce jeune homme, apparemment passionné de combat de catch a créé une série de personnages en pixel art -avec le style des jeux vidéo 8-bit évidemment- issus de la célébrissime WWF (pour World Wrestling Federation) et tous ses membres depuis les années 1960. Vous pouvez même télécharger son image au format haute définition et ainsi voir tous les personages en pixels et en détails !

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    Allez zou, on continue avec le travail de Lobo, studio de design et d’animation situé à Sao Paulo au Brésil. Le studio a conçu une vidéo d’animation basée sur un discours de Leo Burnett. Mais si, Leo Burnett, le créateur d’icones publicitaires telles que le Géant vert ou le Marlboro Man. Sa société Leo Burnett Worldwide, est un réseau d’agences de publicité créée en 1935 puis acquise en 2002 par le groupe Publicis. Pour la petite histoire, cette animation se fonde sur un discours de Leo Burnett tenu pendant une réunion dans son bureau de Chicago en décembre 1967… Ou comment faire revivre une époque révolue !

    Cliquer ici pour voir la vidéo.

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    J’ai reçu par e-mail hier quelques images du doux mariage entre les talentueux graphistes de Dynamo et les gourmands chocolatiers de Suite 88. Ainsi, les deux artisans ont longuement discuté, essayé, raté, repris et amélioré, jusqu’à obtenir ces plaques de chocolat d’un genre nouveau. Les amoureux du graphisme apprécieront donc les belles lettres typographiques et ces essences de chocolats choisis comme l’on choisit un teck ou un chêne. Je vous laisse déguster des yeux et des babines !

    Ce tout nouveau clip intitulé Two Against One (Deux contre un) extrait de l’album Rome par Danger Mouse et Daniele Luppi a fait le tour du web en quelques jours et a rencontré un énorme succès ! Réalisé par Chris Milk et Anthony Francisco Sheppard, ce clip dessiné 100% à la main m’a réellement bluffé autant par sa fluidité graphique que par l’audace de ses plans et perspectives.

    Cliquer ici pour voir la vidéo.

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    Le WTF de cette semaine est placé sous le signe du rythme et si j’ose dire… de la musique ! Réalisée et chorégraphiée par Cleary & Harding, cette vidéo, au début un peu repoussante avec ses personnes grossièrement maquillées, vous arrêtera net lorsque tout à coup elles se mettent à danser et à taper des mains. Si vous êtes curieux et restez jusqu’au bout, la vidéo part en performance graphique et visuelle, je ne vous en dit pas plus, je vous laisse regarder …

    Cliquer ici pour voir la vidéo.

    Oh et… si vous voulez un autre WTF pour la beauté du geste… voici la carte de voeux des Services Funéraires de la Ville de Paris. Attention, c’est d’une violence visuelle rare !

    Pour le petit mot de la fin, je vous invite à réserver vos places pour le WIF (Webdesign International Festival) à Limoges – où je serai -, à jeter un oeil à cette petite boîte qui sent bon et qui n’est pas sans rappeler cette belle imprimante signée Berg !

    J’en profite également pour vous partager ma carte de voeux pour l’année 2012 afin de vous souhaiter énormément de belles choses, de graphisme, de typographies libres de droit, de couleurs Pantone dans tous les sens et plein de carnets aux belles pages blanches ! Bref, cliquez sur l’image ou sur le lien de ma carte de voeux si vous voulez !

    voeux2 .  Ma carte de vœux pour 2012  .

    Bon week-end et… à la semaine prochaine !

    Geoffrey

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    http://owni.fr/2012/01/13/vendredi-c%e2%80%99est-graphism/feed/ 6