OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 L’avortement aux Etats-Unis: un débat graphique http://owni.fr/2011/07/25/lavortement-aux-etats-unis-un-debat-graphique/ http://owni.fr/2011/07/25/lavortement-aux-etats-unis-un-debat-graphique/#comments Mon, 25 Jul 2011 16:12:06 +0000 Marie Telling http://owni.fr/?p=74557 Cliquez sur les ronds dans chaque image pour obtenir la traduction des slogans et sur les images pour obtenir la source.

Le Guttmacher Institute, institut de recherche spécialisé dans la santé reproductive, vient de lancer une vidéo d’information sur l’avortement au graphisme soigné. Le but : lutter contre les idées reçues.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Si la vidéo de l’institut a une valeur avant tout informative, le débat sur l’avortement donne souvent lieu à des campagnes moralisatrices, revendicatrices ou légèrement humoristiques qui jouent sur les ressorts habituels des débats sur l’avortement comme la religion ou la condition féminine.

Les campagnes “pro-life”

La plupart des campagnes “pro-life” sanctifient la figure du fœtus pour condamner ce qu’ils considèrent comme un meurtre.

Les campagnes “pro-choice”

Souvent centrées sur la condition féminine, les campagnes qui défendent l’avortement n’hésitent parfois pas à utiliser l’humour pour faire passer leur message.

La communauté afro-américaine, cible favorite des campagnes

Statistiquement, ce sont les femmes de la communauté afro-américaine qui ont le plus recours à l’IVG. Un phénomène facilement explicable en raison du difficile accès à un système de soin de qualité et aux moyens de contraceptions dans certains quartiers défavorisés. De nombreuses campagnes “pro-life” s’emparent pourtant de la question raciale, n’hésitant pas à établir des rapprochements douteux avec l’esclavage.

Le site TooManyAborted.com s’est donné pour mission de dénoncer l’avortement dans la communauté afro-américaine. D’abord à coups de vidéos au graphisme étudié :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Et dans des campagnes d’affichages à grand bruit :

Face à ces campagnes, les mouvements “pro-choice” tentent eux aussi de cibler la communauté afro-américaine dans leurs campagnes.

Autre cible des campagnes anti-avortement : Barack Obama. Rick Santorum, candidat aux primaires républicaines de 2012, a déjà commenté les positions “pro-choice” du président américain :

Je trouve ça presque incroyable pour un homme noir de dire “nous allons décider qui sont des humains et qui n’en sont pas.”

Les groupes “pro-life” jouent aussi sur les origines du président et sur son enfance pour défendre leurs positions, sous-entendant que sa mère célibataire aurait pu choisir d’avorter. CNN et NBC avait refusé de diffuser ce spot d’un mouvement catholique anti-avortement :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Une campagne d’affichage de ThatsAbortion.com utilise de la même manière la figure de Barack Obama.

Campagnes “choc”

Mais pour les “pro-life” comme pour les “pro-choice”, rien ne vaut l’efficacité des campagnes frappantes.

Du côté “pro-life”, l’image se suffit à elle-même :

Chez les “pro-choice” on insiste surtout sur les conditions d’avortement lorsque l’accès à l’IVG est compromis.

Et la plus percutante pour finir :

Retrouvez notre dossier sur l’avortement :

Poussée républicaine contre l’avortement
L’avortement et son dégradé de lois dans l’Europe chrétienne

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Poussée républicaine contre l’avortement http://owni.fr/2011/07/25/poussee-republicaine-contre-lavortement/ http://owni.fr/2011/07/25/poussee-republicaine-contre-lavortement/#comments Mon, 25 Jul 2011 10:06:05 +0000 Marie Telling http://owni.fr/?p=74491 Sauf mention contraire, tous les liens de cet article sont en anglais.

C’est un record : au cours du seul premier semestre 2011, 80 nouvelles lois ont été votées par les législatures des États américains pour durcir les conditions d’accès à l’avortement. Le dernier pic remontait à 2005 avec 34 mesures de restriction adoptées. C’est ce que révèle le Guttmacher Institute, institut de recherche américain spécialisé dans la santé reproductive [fr], qui vient de publier son rapport bi-annuel sur l’IVG aux États-Unis.

Depuis 1973 et la légalisation de l’avortement par la décision « Roe v. Wade » [fr] de la Cour Suprême américaine, la droite conservatrice s’est rassemblée dans des mouvements « pro-life » qui ont peu à peu gagné une influence considérable dans la machine républicaine.

En 1992, « Planned Parenthood v. Casey », nouveau jugement de la Cour Suprême, offre aux États une plus grande marge de manœuvre dans la législation sur l’avortement. Ils peuvent adopter des mesures restrictives tant que les contraintes pour les femmes ne sont pas jugées excessives. Cette décision va marquer le début d’une augmentation permanente des mesures anti-avortement.

En tête des États les plus restrictifs, ceux de la Bible Belt [fr] et du Midwest, le Kansas devançant tous les autres. Ceux-là ne manquent pas de ressources pour semer d’embûches le parcours des femmes voulant se faire avorter : délais d’attente, séances de conseils dirigées par des « pro-life », restrictions budgétaires sur les planning familiaux ou encore non-remboursements des frais médicaux.

Une minorité d’États beaucoup plus libéraux respectent encore les fondements de « Roe v. Wade », New York et la Californie en tête.

Si les politiques restrictives sont monnaie courante après 1992, on assiste depuis les « Midterms » de novembre 2010 à une intensification des attaques contre l’avortement. La victoire des Républicains dans une majorité d’États et la popularité du mouvement conservateur du Tea Party [fr] contribuent à cette tendance. C’est ce que décrit Elizabeth Nash, experte juridique au Guttmacher Institute :

L’augmentation des mesures anti-avortement est directement liée aux élections de novembre 2010 qui ont vu l’arrivée de législatures très conservatrices dans plusieurs États.
Il y a aussi eu un bouleversement au niveau des gouverneurs. Certains d’entre eux ont été élus sur des programmes anti-avortement.

Pour Sam Brownback, gouverneur républicain du Kansas, État devenu le plus répressif depuis son élection :

L’avortement est la question morale la plus importante de notre temps, tout comme l’esclavage l’était il y a 150 ans.

On observe ainsi un lien entre l’arrivée de conservateurs à la tête de certains États et l’apparition de nouvelles mesures répressives. C’est le cas du Kansas mais aussi de l’Ohio, de la Floride, du Wisconsin et de l’Oklahoma, dont la gouverneure Mary Fallin « a toujours été pro-life ».

Tout est fait pour décourager les femmes voulant se faire avorter. Parmi les mesures privilégiées par les élus « pro-life », celles qui prévoient des délais d’attente sont les plus courantes. Elles imposent la plupart du temps aux femmes d’attendre 24 heures ou plus entre leur première visite à la clinique et l’IVG.

Ces délais sont souvent accompagnés de visites chez un conseiller qui rappelle les risques de l’opération, parfois de manière mensongère. C’est le cas dans le Dakota du Sud et au Texas où des brochures citent le cancer du sein comme conséquence possible de la procédure.

Lors du premier semestre 2011, cinq États ont adopté des mesures concernant les délais d’attente. Le Dakota du Sud a tenté d’aller plus loin en imposant un délai de 72 heures dans une loi qui a été suspendue par la justice fédérale.

Ces quelques heures de délai peuvent paraître anodines mais elles sont un obstacle de plus sur le chemin des femmes qui souhaitent se faire avorter. Elizabeth Nash du Guttmacher Institute explique:

Les délais d’attente forcent les femmes à faire plusieurs trajets vers des cliniques qui sont parfois éloignées de chez elles. Dans certains endroits, le médecin n’est présent qu’une fois par semaine, voire tous les quinze jours, pour pratiquer des avortements.

Le délai d’attente dépasse alors largement les 24 heures puisque la patiente doit attendre une semaine de plus ce qui peut augmenter considérablement les coûts de l’opération. Les femmes les plus pauvres sont les premières victimes.

Le prix d’un avortement augmente ainsi en fonction de la gestation, allant de 425 dollars pendant les dix premières semaines à plus de 1500 dollars plus tard dans la grossesse. Le remboursement de la procédure dépend de son assurance et de l’État où l’on vit.

Certains États limitent ainsi les remboursements aux cas de viols, d’incestes ou lorsque la vie de la patiente est menacée. D’autres comme le Kentucky ou le Kansas ne l’autorisent que dans ce dernier cas. Les femmes les moins favorisées font les premières les frais de ces politiques.

Derniers remparts face aux législatures des États, les cours de justice fédérales jouent un rôle primordial dans la lutte contre les restrictions. Depuis le début de l’année, elles ont bloqué plusieurs lois votées par le Dakota du Sud, le Kansas ou l’Indiana. Mais les juges fédéraux ne peuvent rien contre les coupes budgétaires imposées aux planning familiaux et seule une minorité de lois ne verront pas le jour grâce à leur intervention.

Que la loi passe ou pas, l’élu qui l’a défendue sortira grandi auprès d’un électorat « pro-life » généreux dans le financement des campagnes électorales. Certains politiques proposeraient même des lois qu’ils savent condamnées d’avance pour séduire la frange conservatrice du Parti républicain.

La question de l’avortement s’invite aussi dans les élections et les débats nationaux. Les élections de 2012 devraient avoir leur compte de débats sur l’avortement. Beaucoup moins centrale que l’économie, la question de l’IVG reste tout de même très importante chez les Républicains. Être « pro-life » ne vous offrira pas la victoire, mais soutenir l’avortement peut être synonyme de défaite. En 2008, alors que Rudy Giuliani était considéré comme favori, ses positions « pro-choice » lui ont fait perdre le caucus de l’Iowa.

Pour Elizabeth Nash :

Les primaires ont tendance à attiser les extrêmes des deux parties, donc l’avortement sera sûrement une question importante pour la frange la plus conservatrice des Républicains. Le Tea Party est d’ailleurs très actif sur la question.

La liste Susan B. Anthony, groupe « pro-life », demande ainsi aux candidats aux primaires républicaines de s’engager à ne nommer que des juges ou des politiques pro-life aux postes clés du gouvernement fédéral. Le « Pro-Life Leadership Presidential Pledge » a déjà été signé par six candidats républicains.

Le durcissement des lois sur l’avortement devrait donc rester un argument électoral majeur pour les Républicains. Dans tous les cas, 2012 sera riche en joyeuses campagnes de comm’ :

Toutes les données utilisées pour les cartes sont issues de rapports du Guttmacher Institute.

Retrouvez notre dossier sur l’avortement :
L’avortement aux Etats-Unis: un débat graphique
L’avortement et son dégradé de lois dans l’Europe chrétienne

Image CC Flickr Amphis d’@illeurs

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Catho 2.0: le Pape sur ton iPad http://owni.fr/2011/06/30/catho-2-0-le-pape-sur-ton-ipad/ http://owni.fr/2011/06/30/catho-2-0-le-pape-sur-ton-ipad/#comments Thu, 30 Jun 2011 06:31:11 +0000 Marie Telling http://owni.fr/?p=72213 Branle-bas de combat hier sur le compte Twitter Vatican-news. Le Pape Benoit XVI live-twitte les premiers pas de News.va [en], le nouveau portail d’informations du Vatican :

Chers Amis, je viens de lancer News.va. Loué soit notre Seigneur Jésus Christ ! Avec mes prières et bénédictions, Benoit XVI

Le site rassemble tous les médias du Vatican, dont la Radio Vatican et le journal l’Osservatore Romano [en]. Il est disponible en italien et en anglais, en attendant d’être traduit dans d’autres langues. Le Vatican n’est pas novice sur le Web puisque Jean-Paul II avait inauguré, dès 1995, www.vatican.va, le site officiel du Saint-Siège. La nouveauté avec News.va c’est son utilisation des réseaux sociaux : des comptes Facebook et Twitter et une page Youtube où l’on peut voir le Pape consultant le site depuis son iPad.

Pour le New York Times [en], la stratégie du Saint-Siège est claire :

Le Vatican a récemment réalisé qu’il pouvait atteindre un public plus large en communicant directement avec l’extérieur, plutôt qu’en prêchant de loin.

Intéressé par les ordres ? Le clergé recrute sur Facebook

Une prise de conscience s’est faite à tous les niveaux du clergé catholique qui, de plus en plus, fait campagne sur les réseaux sociaux. Pour lutter contre le manque de recrues, les moines Bénédictins de Portsmouth, dans le Rhode Island, ont investi Facebook où ils partagent leur expérience de la vie monastique et parlent de leur vocation. Sur le site de l’Abbaye, ils détaillent les démarches à suivre pour rentrer dans les ordres et répondent aux questions des potentiels candidats.

En France, le site MaVocation.org guide aussi les jeunes intéressés par les ordres. Pour les autres, il y a les comptes Facebook des divers diocèses et ceux dédiés aux JMJ. Ceux qui préfèrent les podcasts peuvent profiter gratuitement de la WebTv du diocèse de La Rochelle et Saintes et de Radio Notre-Dame, qui s’interroge :

A quoi sert l’Eglise ?

Évangéliques : réseaux sociaux et créationnisme

L’Église catholique n’est pas la seule à avoir pris conscience du potentiel d’Internet. Les mouvements évangéliques exploitent les possibilités du Web depuis plusieurs années. Outre leurs sites traditionnels – créationnistes (AnswerInGenesis.org) ou plus généraux (Christianity) –, les Églises évangéliques n’hésitent pas à investir les réseaux sociaux pour diffuser leur message.

La page Facebook “I’m proud to be Christian” (« Fier d’être Chrétien »), qui publie des extraits de la Bible plusieurs fois par jour, rassemble près de 3 millions de fans. Celle de “Jesus Daily” – qui s’est donné pour mission de diffuser l’Évangile – en a séduit 6 millions. Le compte Twitter de l’auteure évangélique Joyce Meyer fédère, quant à lui, plus de 280.000 followers. Meyer s’y attache à “transmettre l’amour de Jésus Christ dans un monde meurtri” grâce à des conseils tels que :

Dieu travaille selon la loi du progrès graduel, donc ne soyez pas découragés si vous avancez lentement.

Refroidis par le contenu de certains réseaux sociaux, les évangéliques les détournent et créent des sites plus adaptés à la parole divine. Sur la toile “born again”, MySpace devient MyPraize, un site où les groupes de rock chrétiens se disputent les faveurs des internautes.

YouTube est remplacé par GodTube, site “family-friendly” qui fait la part belle à l’humour avec des stand-up sur la vie maritale. En 2008, un pasteur y faisait le buzz grâce à une parodie du morceau “Baby Got Back” du rappeur Sir Mix-a-Lot, transformé en un “Baby Got Book” plus biblique.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Interrogé à l’époque par le New York Times, Dan Smith, l’auteur de la vidéo, affichait la portée prosélyte de sa parodie. Il affirmait alors son désir de voir sa vidéo sur d’autres médias plus consultés par les non-croyants : “Je sais qu’il n’y a pas beaucoup de non-pratiquants sur GodTube.”

Mars Hill ou l’église du futur

Conscients du potentiel de Youtube, certains pasteurs l’utilisent pour rassembler toujours plus de fidèles.

Sur la chaîne YouTube de Mars Hill Church, Mark Driscoll, la quarantaine, vêtu d’un éternel sweat à capuche, partage ses sermons du dimanche. Ce pasteur qui officie à Seattle rassemble des milliers de fidèles grâce à des méthodes de communication très modernes.

Dans ses vidéos, il répond aux questions que l’audience lui envoie par SMS pendant l’office. “L’homosexualité est-elle un pêché ?” “La masturbation est-elle une méthode valide de contraception ?” … (voir la vidéo en anglais)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Avec son allure décontractée, son ton insolent et son amour pour le rock indé, Mark Driscoll séduit les habitants de Seattle, souvent anti-religieux. Son succès auprès de la sous-culture Grunge est tel qu’il compte quatre des tatoueurs les plus célèbres de la ville parmi ses fidèles.

Cette communication maîtrisée masque un message profondément réactionnaire où la place de la femme est auprès de son mari et où l’homosexualité, la littérature fantastique et les blagues graveleuses sont considérés comme des pêchés.

Les possibilités de convaincre les foules évoluent. Mais derrière, le message reste le même.

Illustration : capture d’écran du site du Vatican le 29 juin.

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Google: de la toute puissance à l’hérésie http://owni.fr/2010/08/18/google-de-la-toute-puissance-a-lheresie/ http://owni.fr/2010/08/18/google-de-la-toute-puissance-a-lheresie/#comments Wed, 18 Aug 2010 16:14:35 +0000 Marie Telling http://owni.fr/?p=25201 Faudra-t-il, un jour, changer de nom afin de cacher ses « erreurs de jeunesse » révélées sur les moteurs de recherche et les pages des réseaux sociaux de ses amis ? Cette perspective, plutôt effrayante, ne fait pas peur à Eric Schmidt, le PDG de Google, qui prédit que ce sera possible et normal dans l’avenir. De quoi relancer le débat sur la protection de la vie privée sur Internet.

Dans une interview au Wall Street Journal, Eric Schmidt explique : la société évolue et s’adapte aux nouvelles technologies. Il ne s’agit donc plus, selon lui, de contrôler les éventuels dérapages du Web, mais de s’en accommoder, au point de permettre à une majorité d’individus de changer de nom pour ne pas avoir à affronter leur passé numérique.

Eric Schmidt, CEO de Google.

Une telle mesure est-elle réellement envisageable et souhaitable ? Danah Boyd, chercheuse et blogueuse américaine, spécialiste des réseaux sociaux, considère la proposition d’Eric Schmidt comme totalement absurde et impraticable.

Elle rappelle qu’aux Etats-Unis tout autant qu’en France, changer de nom nécessite une procédure laborieuse et complexe. Danah Boyd sait de quoi elle parle : elle-même a fait la démarche à deux reprises. Elle critique ainsi la logique du PDG de Google :

« Recommencer à zéro peut être bien plus compliqué que de débuter avec un passé trouble. […] Pour compliquer les choses, changer votre nom ne vous permet pas d’échapper à vos noms passés. Tout ce qu’il faut, c’est quelqu’un de déterminé à faire le lien entre les deux et toute tentative de s’éloigner de son passé s’évanouit en un instant. »

Elle poursuit :

« Je suis très surprise de l’étrange attitude de Schmidt, surtout si l’on considère ses précédents commentaires sur la fin de la vie privée.
Comment peut-il percevoir la vie privée comme morte, tout en imaginant un monde dans lequel la réputation peut être altérée à travers un changement de nom ? […] Je suis extrêmement troublée et j’aimerais comprendre son mode de fonctionnement mental. »

« Nous savons grosso modo qui vous êtes, qui sont vos amis »

Dans son interview, Eric Schmidt ne cherche assurément pas à être rassurant. Google, dit-il, doit se réinventer face à la révolution de l’Internet mobile. Sans craindre d’effrayer ceux qui trouvent que Google en sait déjà trop sur eux, il déclare :

« Nous sommes en train de déterminer quel est le futur des moteurs de recherche. […] Je pense vraiment que la plupart des gens ne veulent pas que Google réponde à leurs questions. Ils veulent que Google leur dise ce qu’ils devraient faire. […]
Nous savons grosso modo qui vous êtes, ce qui vous tient à cœur, qui sont vos amis. […] Le pouvoir du ciblage individuel – la technologie sera tellement parfaite qu’il sera très dur pour les gens de voir ou de consommer quelque chose qui n’a pas été, d’une certaine manière, taillé sur mesure pour eux. »

Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, affirmait récemment que les internautes acceptaient cette dissolution de la vie privée engendrée par les comportements sur le Web :

« Les gens sont de plus en plus à l’aise non seulement avec le partage d’informations plus nombreuses et de natures différentes, mais aussi de manière plus ouverte et avec plus de gens. Cette norme sociale [la vie privée, ndlr] est juste quelque chose qui a évolué avec le temps. »

Le pouvoir de contrôle des géants du Web

Cette perception pragmatique -pour ne pas dire cynique- s’inscrit dans le débat actuel sur le pouvoir de contrôle et d’intrusion que les géants du Web, Google ou Facebook, acquièrent peu à peu sur nos vies -avec notre accord.

Les histoires ne manquent pas d’employés pénalisés par leur comportement révélé par leurs « traces » numériques, et il est dorénavant admis que des chasseurs de têtes ou recruteurs consultent les réseaux sociaux afin d’évaluer le degré de « vertu numérique » d’un candidat.

Un nouveau métier est né, les « nettoyeurs du Web », qui vous proposent de gérer votre réputation en vous rachetant une « virginité numérique ». Le « droit à l’oubli numérique », destiné à mieux garantir le droit à la vie privée sur la Toile, est également en marche.

Mais Eric Schmidt préfère prendre le problème à l’envers : plutôt que de chercher à effacer vos traces sur Internet, mieux vaut vous effacer vous-même en changeant d’identité. Il suffisait d’y penser, et Google, qui nous connaît si bien, y a pensé pour nous.

Illustration CC FlickR iko, DerrickT

Article initialement publié sur Eco89

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