Les interfaces graphiques du web sémantique

Le 11 mai 2010

La carte devient l'interface graphique la plus répandue. La mise à disposition des données passe donc par une re-territorialisation.

Bien souvent, quand je vois les interfaces graphiques des applications du web sémantique, cela me fait penser à du Picasso.

Paradoxe : quand les données sont structurées, les interfaces graphiques donnent mécaniquement une impression de dé-structuration.

Si le document Word est le modèle de document qui a inspiré la page du web de document, alors on pourrait peut-être penser que c’est le tableur qui représente le modèle de document du web de données? On pourrait certainement le croire quand on regarde le très justement nommé Tabulator de Berners-Lee, outil pour « surfer sur du RDF » :

Et bien non, c’est la carte et la localisation qui « prennent ». Ainsi, lorsque Tim Berners-Lee a présenté les résultats des démarches d’ouverture des données publiques à TED 2010, il n’a présenté que des interfaces basées sur la géolocalisation des données :

Retour aux fondamentaux finalement, puisqu’on se souvient que les APIs et les mashups du web 2.0 ont commencé avec Google Maps. Ce qui tend à montrer que la mise à disposition de données structurées sur le web s’inscrit dans une logique de re-territorialisation : rien n’est plus démonstratif que de projeter les données sur une carte.

Imaginez par exemple que vous soyez une bibliothèque et que vous vouliez publier vos données en RDF : que pouvez-vous espérer qu’il en ressorte ? Et quelles interfaces pourront être proposées, par des tiers, quand les données seront disponibles ? Avoir les données agrégées autour d’une œuvre ou d’un auteur est bien utile mais l’on retombe sur un web documentaire classique même si le moteur est en RDF.

Alors on repense à cette histoire de re-territorialisation, et on imagine immédiatement des services de localisation des ouvrages dans les bibliothèques. On revient encore à la carte en projetant sur elle les données, même si, en l’occurrence, c’est typiquement un réflexe d’institution que de vouloir in fine « router » et ramener le public dans ses murs.

Si nous devions formuler correctement la question, il faudrait dire : « Quelles sont les informations territoriales que je possède ? » Et dans notre cas : « quelles informations territoriales possède une bibliothèque ? », si l’on retient l’idée qu’il y a corrélation entre l’ouverture des données structurées et une logique de re-territorialisation.

Pour y répondre, il faudrait tirer le fil d’une grappe RDF par les concepts de localisation : tout voir au travers du filtre d’un territoire : maison, rue, quartier, ville, région, pays, etc. Cette « perspective de données » nous dirait certainement beaucoup de choses et stimulerait l’intérêt d’avoir des interfaces graphiques appropriées. Pour l’heure, j’ai l’impression que cela tend vers une interface à la SimCity avec Google Maps, Open StreetView ou l’IGN qui fourniraient le fond d’écran des applications du web sémantique.

J’ai parlé du territoire, c’est-à-dire de l’espace, mais c’est aussi vrai du temps, ici le projet Simile avait déjà tracé la voie. Ce sont les informations avec une métadonnée temporelle ou spatiale dont le « marché » a besoin en priorité.

Billet initialement sur le blog de Christian Fauré

Illustration CC Flickr par yoyolabellut

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